LIVE A BERCY 

co-réalisé avec François HANSS

 

Boutonnat part en live

    15 juin 1996. Fin d'un règne. Images balancées d'une oeuvre qui se termine. Réalisation post-mortem d'un cinéaste qui n'en est plus un. Comment passer en quelques jours, une semaine d'octobre 1994, du statut d'artiste complet et encore prometteur à celui de simple commerçant du disque. 

photo amateur de Bercy pendant Désenchantée le 31.05.96        Il faut que ça claque. Qu'importe d'user du sexe vulgaire et outrancier (Que Mon Cœur Lâche), des poses lascives (Libertine) qui tuent le mythe, des larmes faciles et désormais trop fréquentes (Rêver). Ce n'est pas ici que repose la sobriété, devant une James Bond Girl à moitié nue qui laisse défiler honteusement derrière elle des gros plans d'elle en train de pleurer. On est moins proche à ses moments là de cette prétendue sobriété que d'une simple pornographie sentimentale. Sous l'épaisse couche de fond de teint ne se cache que tristesse et ennui. A Lyon le 15 juin elle tombe de la scène de la halle Tony Garnier de Lyon : Mylène Farmer meurt à cet instant précis.

    Le processus est enclenché. Laurent Boutonnat consacrera tout le reste de sa vie d'artiste à détruire ce qu'il avait mis si longtemps à construire. Rien que de Hasta Siempre (1997), achevé et romanesque, à Moi...Lolita (2000), superficiel et finalement assez agaçant, que de chemin parcouru à contre-sens. Plus rien n'a plus d'importance. Il faut désormais vendre, à n'importe quel prix.

Laurent Boutonnat est mort.

    Mylène Farmer danse sur sa tombe. Pendant deux heures; elle devant, et lui derrière, rient ensemble d'avoir franchi si facilement l'étape qui les conduit à l'éternelle médiocrité. Plus jamais ils ne tourneront à perte. Plutôt engager des nouvelles "bimbos"  latines ou mineures que d'être à nouveau courageux, ne serait-ce qu'au cinéma.

    Heathcliff, Toutankhamon, Requiem Publishing, et bientôt Calliphora, Stuffed Monkey, Dichotomie. Les affaires se multiplient bien plus rapidement que les oeuvres. Laurent Boutonnat refusera toutes les interviews. Par simple modestie, pour éviter d'avoir à s'expliquer, ou par honte ? On se plait quand même, souvent, à accorder à Laurent Boutonnat des circonstances atténuantes, de trouver du talent dans les clips économiques qu'il veut bien tourner en 2 jours. On peut aussi prier pour que tout cet argent accumulé soit prochainement mis au service d'un projet, et de lui souhaiter, avec espoir, une résurrection prochaine .

Jodel Saint-Marc, le 14 février 2001.

 

 
 

ANAMORPHOSÉE : un ratage voulu ?

    Avec cet album à part dans la carrière de Mylène Farmer, on peut se demander si cette superficialité, ce bâclage, enfin tout cela n'était pas après tout qu'une grande blague... Après l'échec de Giorgino, Laurent Boutonnat et Mylène Farmer ont bien senti qu'ils étaient arrivés au bout d'un truc, qu'en se faisant plaisir il risquaient de s'enterrer. Alors il a fallu changer, et tout transposer dans le sens inverse, ne pas faire les choses à moitié. Les talons se sont surélevés (les cheveux aussi), les textes se sont hébétées (les interviews aussi), les sourires sont plus nombreux (à défaut d'être sincères), on fait une croix sur tout le passé et on s'enferme dans un nouveau rôle de bimbo superficielle attirant un nouveau public et théoriquement de plus grosses ventes. 

    A mon avis Laurent et Mylène n'avaient qu'une question en tête : les vrais inconditionnels suivront-ils ? Pour montrer que toute cette "anamorphose" n'est que stratégie commerciale , ils ont laissé de nombreuses clés au public. Mylène Farmer a laissé une multitude d'indices pour montrer qu'elle même ne croyait pas à ce "revirement optimiste". Tout d'abord, le contenu de l'album Anamorphosée qui a lui seul laisse bon nombre de clés. En lisant les textes on ne peut qu'admettre être devant un terrible constat d'échec devant Giorgino. Notamment pour que qu'il implique : la fuite.  Mylène s'en fout : C'es étrange, pour moi cette chanson a toujours expliqué ce pourquoi Anamorphosée   trahissait volontairement l'univers de Mylène Farmer, qui parlerait d'elle, toujours selon moi, ici à la troisième personne. Ce qui expliquerait les jambes d'une autre qui la portaient, son cœur qui s'est fatigué, l'homme (L.B. et son univers) dont elle s'est lassé, et le fait qu'elle se soit dissoute. On peu ajouter d'autres paroles comme "t'as plus de mystère, ta poésie à pris l'eau, côté sombre : c'est mon ombre dissout dans l'éternité" mais aussi "l'abandon du moi" (==> plus d'émoi à cette époque), je vis HORS de moi et je pars... On peut ajouter à la même période la tête absente de la pochette (c'est, qu'elle le dise ou non, une manière de ne pas signer l'album...), le fait qu'elle tourne le dos à ses titres au verso (comme pour les renier) et aussi tout ce bâclage voulu pour les clips (format 4/3, non scénarisés, réalisés en vidéo...) et bien d'autres choses trop nombreuses pour être ici énumérées..

    Mylène nous a selon moi laissé de nombreuses clés pour dire à ses anciens fans pour faire comprendre qu'elle ne croyait pas à ce qu'elle faisait à l'époque. Et Eaunanisme est pour moi le texte où elle balance tout là dessus. C'est en outre la plus belle chanson de l'album selon moi, celle où on retrouve "son" style d'écriture (jeux de mots à l'appui), la seule qu'on aurait pu retrouver sur un de ses albums "traditionnels". ...et comme par hasard, c'est le seul titre d'Anamorphosée qu'elle n'a pas interprété sur scène pour le live à Bercy...

J. S-M.

 

Entrée Ballade de la féconductrice En Concert Giorgino LIVE à Bercy Jacquou le Croquant