Sur le Générique

La dernière partie du reportage amateur est consacrée au tournage du générique du concert, en extérieur par un temps glacial...

 
    Nous sommes au mois de Janvier 1990, à La Ferté Alais, près de Fontainbleau, dans un très grand champ en jachère éloigné de la route, derrière lequel s'étend un pré d'herbes sèches jusqu'à quelques arbres, au fond. Au milieu du champ trône le décor de la tournée, un peu modifié. Les grilles on été espacée et des tombes ont été rajoutées et déplacées. Aucun éclairage supplémentaire n'a été installé, tout sera filmé en lumière naturelle. On va tourner ici les génériques de début et de fin du film, l'intro de Allan (impressionnante et grandiose) ainsi qu'un plan pour l'ouverture du clip de Plus Grandir Live. Trois personnes se font photographier entre les grilles. Une de ces trois personne ressemble à s'y méprendre à Laurent Boutonnat, avec son manteau noir et ses lunettes noires. Cette personne, entre les 2 grilles, danse (donc ça ne peut pas être Laurent...). La caméra amateur fait 360° sur elle même, ce qu nous permet de voir qu'il n'y a pas de route à proximité, que les pompiers sont là avec leur camion, que les décors ont été apportés avec des 38 tonnes par l'entreprise "Théâtrale" et qu'environ soixante personnes habillées chaudement sont venues assister au tournage du générique. Il devrait s'agir de groupes d'amis et de connaissance de Laurent et Mylène car ils se connaissent et il y a une bonne ambiance, ils ont même amené leurs enfants, donc il ne peut pas s'agir de l'équipe technique. Tout est déjà installé, les rails de travelling droit sont là, placé parallèlement au décor. Il fait soleil alors que Laurent Boutonnat à l'habitude de tourner sous un ciel de traîne qu'il affectionne particulièrement. De plus, dans le générique terminé, on voit bien que le temps est couvert , ce qui renforce l'ensemble et rend la scène encore plus irréelle.

    On entend au loin, hors champ, la voix de Laurent Boutonnat qui dit : "Il avance avec un lance flamme... (rires)". Ce qui fait plaisir à entendre car le réalisateur toujours l'air amusé des idées qui lui viennent (cf. Sur le tournage de Désenchantée par François Hanss). Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Laurent Boutonnat ne prend pas au sérieux ce qu'il fait, ce qui sera confirmé plus tard par Jean-Louis MURAT qui a tourné sous sa direction en 1991 : "...Ce sont les premiers amusés de ce qu'ils font et ils sont les premiers étonnés que ça marche !". Ils répètent une fois l'intro de Allan avec le moine (sans sa capuche) qui porte son lance-flammes dans le dos et qui devra (pour ceux qui n'ont pas vu le clip), mettre feu au décor du concert. On notera que le comédien (ou le pompier) interprétant le moine n'est pas le même que dans le clip. A passage on voit, face à la personne qui filme, un autre caméscope enregistrant les préparatifs. On entend à ce moment là une assistante dire : "-C'est mon rêve, c'est monstrueux" en parlant de l'incendie du cimetière. Certaines personnes s'affairent encore au décor (probablement pour le couvrir d'une substance abrasive). On entend alors assez clairement un dialogue entre deux techniciens :

"- A quelle heure on tourne ?
 - Dès que la mise en place est faite.
 - Combien ça a coûté cette histoire des décors ?
 - 980 000. Il faut surtout pas leur dire parce que... (inaudible)."

   

frigorifiée, Mylène fume sa clope    Une femme arrive avec un mégaphone dans les mains. On l'entendra plus tard disputer François Hanss. On assiste à la mise en place des caméras sur le rail de travelling, sous l'œil de Laurent Boutonnat. Le lance-flammes est essayé une nouvelle fois. Quelque part lors de ces plans amateurs, une journée est passée, puisque lors du premier jour de mise en place des décors et de l'incendie aucune scène n'a été tournée. Pour quelles raisons Laurent Boutonnat n'a t-il pas voulu filmer ce jour là, vent défavorable, soleil omniprésent et gênant, problème de sécurité, nuit tombante ?... La caméra a bougé et se trouve derrière les camions de transport. On voit Mylène Farmer près de sa voiture (une BMW noire) essayant avec peine d'enfiler la robe noire qu'elle doit porter pour le film. Elle est aidée de la costumière Carine Sarfati qui lui brosse sa robe et lui fait enfiler un gros blouson. Une grande photo de groupe avec une cinquantaine de personnes est faite devant les décors. Mylène vient rejoindre le groupe, emmitouflée dans son gros blouson et fume une cigarette. Par sa démarche, elle fait rire les personnes qui l'entourent un peu comme lors des coulisses de PQSD quand elle vient de fouetter le capitaine anglais. On sent la fatigue chez Mylène, ses pas sont lourds et elle ne semble prendre aucun plaisir au tournage de ces scènes. Il faut dire qu'elle sort de plus de cinq mois de tournée... On entend : "Y'a tout le monde là ? Fred ? Personne ne manque ?" Laurent Boutonnat (au centre de la photo et à côté duquel Mylène s'est approché) fume lui aussi et se met à genoux pour faire semblant de prier et se relève. "Qui prend la photo ?"

 

tête à tête avant l'incinération...

 

    Après la photo, on voit Laurent et Mylène retirés dans le champ, sur les côtés du décor, en train de parler. Les pompiers préparent les lances incendies pour éteindre le décor lorsqu'il sera en flammes. On entend aussi quelqu'un dire : "- Hier, y'a eu le moine". Ce qui veux bien dire que les images de préparation qui précédaient dataient de la veille. C'était donc le deuxième jour de tournage pour ces séquences. La séquence du moine est lancée, après un premier essai raté (il revient sur ses pas précipitamment) le moine repart d'une vive allure entre les deux  piliers et met le feu (s'y prenant à deux reprises) au décor. On peut entendre des réflexions dans l'assistance tenue à l'écart : "- Il est parti. - Une minute de silence - Oh! les salauds hey... -Quel gâchis !". Il sera revenu entre temps un peu en arrière pour mettre le feu aux piliers. Juste après, il revient en courant sur le côté (pour ne pas être filmé) et se fait enlever son lance-flammes par un assistant. Mylène court alors rapidement se mettre en place devant le décor en feu. Elle s'arrête et d'un coup devient complètement  immobile. La rapidité avec laquelle elle s'est mise en place s'explique par la longueur limitée de la pellicule dans la caméra et la durabilité du feu qui est incertaine). La caméra avec laquelle filme Laurent se met à circuler sur les rails. Il dit, après quelques instants à Mylène de se reculer : "-Stop". On voit des caméras épaules se préparer à droite du champ, prêtes à bondir pour la scène de l'explosion quand le plan du générique sera finit de tourné.

 
 

 

Une fois que le moine eu brûlé le décor, il s'en est allé rapidement vers un assistant chargé de l'aider à retirer son harnais. 

Mylène, elle, se dépêche d'aller rejoindre sa place pour le long plan du générique de fin (seulement la moitié sera utilisée pour le montage du film). Les caméras tournent toujours...

 

    La voix directrice de Laurent Boutonnat se fait alors entendre pour la scène de la destruction :"-Clap, attention, moteur, ...Feu !" Les deux explosifs placés à droite du décor, dans les tombes explosent. Le son est identique à celui entendu dans le film, et la déflagration est d'une puissance incroyable. Là encore les commentaires vont bon train dans le public : "Ah ça a bougé ! Le portail a bougé ! Le bruit que ça a fait !..." On peut  voir en effet dans le film, (l'amateur et le vrai) le portail du cimetière vaciller sous l'effet de l'explosion.  "- C'est fini ? -Y'en a boom. encore ?" "Parfait" "Il y en a encore". En effet, un des explosifs n'a pas fonctionné, la dynamite n'a pas du s'amorcer correctement. Mylène est placée devant le portail, assez près des flammes. Elle regarde le décor brûler (intro vocale de Allan). Laurent à la caméra la filme depuis les rails : "-Tourne toi vers moi Mylène". Elle retourne la tête alors lentement en direction de la caméra d'un air très triste. On peut entendre un personne dans la foule dire : "- C'est maintenant que ça devait exploser ! (rires". Laurent, lui, continue à diriger Mylène : "Viens vers moi Mylène, viens vers moi. ...Et puis tu ressers (au cadreur)..."

 

seules 2 des trois bombes posées fonctionneront

    On voit à ce moment là passer François Hanss le long desFrançois HANSS repasse une deuxième fois (dans l'autre sens) pour tourner les plans qui figureront finalement dans le clip d'Allan flammes, derrière le portail, en trin de courir pour les filmer en gros plan, alors qu'une des bombes n'a toujours pas explosé... Les gens crient, la coordinatrice au micro, le public et Laurent lui-même, qui dit : "- Hey regarde François HANSS passe tout près de la dynamite qui n'avait pas encore explosé François où il va il est fou !" "François! François! (au mégaphone), Non mais ça va pas ? Ca risque de sauter maintenant !" Laurent redit :"-Coupez !, Mylène reviens".  Peu de temps après, François Hanss est de nouveau en train de courir le long des flammes et de la fumée noire. On entend de nouveau des commentaires de la coordinatrice et de l'assistance : "François! François!" "François journaliste sur le front (rires)" "François au pied ! (rires)". En fait les images alors filmées par François Hanss seront utilisées pour le clip d'Allan, lorsque la caméra se déplace latéralement aux flammes. Laurent et ses assistants mettent Mylène devant le décorLaurent BOUTONNAT va déclencher la dernière bombe (assez éloignée tout de même) et la filme de profil avec le cimetière derrière. Laurent tente alors de faire déclencher la dernière bombe qui n'a pas marché pour la filmer. On entend un hélicoptère (peut-être un canadair). Malheureusement ça échoue et l'explosif n'explose pas. L'assistance rit et Laurent aussi, qui fait un signe d'impuissance en voyant que le dernier explosif ne démarre pas. Après, Laurent s'avance vers le décor avec sa caméra épaule. Mylène le suit. Dans le clip d'Allan, les plans où elle marche le long du décor embrasé seront tournés maintenant. Le plan amateur se ressert sur Mylène, elle sort du cadre de l'écran. La personne qui filmait n'a du plus avoir de batterie. Fin brutale du reportage.

 

 

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