On entend au loin, hors champ, la voix de Laurent Boutonnat qui dit : "Il avance avec un lance flamme... (rires)". Ce qui fait plaisir à entendre car le réalisateur toujours l'air amusé des idées qui lui viennent (cf. Sur le tournage de Désenchantée par François Hanss). Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Laurent Boutonnat ne prend pas au sérieux ce qu'il fait, ce qui sera confirmé plus tard par Jean-Louis MURAT qui a tourné sous sa direction en 1991 : "...Ce sont les premiers amusés de ce qu'ils font et ils sont les premiers étonnés que ça marche !". Ils répètent une fois l'intro de Allan avec le moine (sans sa capuche) qui porte son lance-flammes dans le dos et qui devra (pour ceux qui n'ont pas vu le clip), mettre feu au décor du concert. On notera que le comédien (ou le pompier) interprétant le moine n'est pas le même que dans le clip. A passage on voit, face à la personne qui filme, un autre caméscope enregistrant les préparatifs. On entend à ce moment là une assistante dire : "-C'est mon rêve, c'est monstrueux" en parlant de l'incendie du cimetière. Certaines personnes s'affairent encore au décor (probablement pour le couvrir d'une substance abrasive). On entend alors assez clairement un dialogue entre deux techniciens :
Une femme arrive avec un mégaphone dans
les mains. On l'entendra plus tard disputer François Hanss.
On assiste à la mise en place des caméras sur le rail de travelling, sous l'œil
de Laurent Boutonnat. Le lance-flammes est essayé une
nouvelle fois. Quelque part lors de ces plans amateurs, une journée est
passée, puisque lors du premier jour de mise en place des décors et de
l'incendie aucune scène n'a été tournée. Pour quelles raisons Laurent
Boutonnat n'a t-il pas voulu filmer ce jour là, vent défavorable, soleil omniprésent et
gênant, problème de sécurité, nuit tombante ?... La caméra a bougé et se
trouve derrière les camions de transport. On voit Mylène Farmer près de sa voiture (une BMW noire) essayant avec peine d'enfiler la robe noire
qu'elle doit porter pour le film. Elle est aidée de la costumière Carine
Sarfati qui lui brosse sa robe et lui fait enfiler un gros blouson. Une grande photo de
groupe avec une cinquantaine de personnes
est faite devant les décors. Mylène
vient rejoindre le groupe, emmitouflée dans son gros blouson et fume une
cigarette. Par sa démarche, elle fait rire les personnes qui l'entourent un peu
comme lors des coulisses de PQSD quand elle vient de fouetter le
capitaine anglais. On sent la fatigue chez Mylène, ses pas sont lourds et elle
ne semble prendre aucun plaisir au tournage de ces scènes. Il faut dire qu'elle
sort de plus de cinq mois de tournée... On entend : "Y'a tout le monde là
? Fred ? Personne ne manque ?" Laurent Boutonnat (au
centre de la photo et à côté duquel Mylène s'est approché) fume lui aussi
et se met à genoux pour faire semblant de prier et se relève. "Qui prend
la photo ?"
Après la photo, on voit Laurent et
Mylène retirés dans le champ, sur les côtés du décor, en train de parler.
Les pompiers préparent les lances incendies pour éteindre le décor lorsqu'il
sera en flammes. On entend aussi quelqu'un dire : "- Hier, y'a eu le
moine". Ce qui veux bien dire que les images de préparation qui
précédaient dataient de la veille. C'était
donc le deuxième jour de tournage
pour ces séquences. La séquence du moine est lancée, après un premier essai
raté (il revient sur ses pas précipitamment) le moine repart d'une vive allure
entre les deux piliers et met le feu (s'y prenant à deux reprises) au
décor. On peut entendre des réflexions dans l'assistance tenue à l'écart :
"- Il est parti. - Une minute de silence - Oh! les salauds hey... -Quel gâchis
!". Il sera revenu entre temps un peu en arrière pour mettre le feu aux
piliers. Juste après, il revient en courant sur le côté (pour ne pas être
filmé) et se fait enlever son lance-flammes par un assistant. Mylène court
alors rapidement se mettre en place devant le décor en feu. Elle s'arrête et
d'un coup devient complètement immobile. La rapidité avec laquelle elle
s'est mise en place s'explique par la longueur limitée de la pellicule dans la
caméra et la durabilité du feu qui est incertaine). La caméra avec laquelle
filme Laurent se met à circuler sur les rails. Il dit, après quelques instants
à Mylène de se reculer : "-Stop". On voit des caméras épaules se
préparer à droite du champ, prêtes à bondir pour la scène de l'explosion
quand le plan du générique sera finit de tourné.
Une fois que le moine eu brûlé le décor, il s'en est allé rapidement vers un assistant chargé de l'aider à retirer son harnais.
Mylène, elle, se dépêche d'aller rejoindre sa place pour le long plan du générique de fin (seulement la moitié sera utilisée pour le montage du film). Les caméras tournent toujours...
La voix directrice de Laurent
Boutonnat se fait alors entendre pour la scène de la destruction :"-Clap, attention,
moteur, ...Feu !" Les deux explosifs placés à droite du décor, dans les
tombes explosent. Le son est identique à celui entendu dans le film, et la
déflagration est d'une puissance incroyable. Là encore les commentaires vont
bon train dans le public : "Ah ça a bougé ! Le portail a bougé ! Le
bruit que ça a fait !..." On peut voir en effet dans le film,
(l'amateur et le vrai) le portail du cimetière vaciller sous l'effet de
l'explosion. "- C'est fini ? -Y'en a
encore ?"
"Parfait" "Il y en a encore". En effet, un des explosifs n'a
pas fonctionné, la dynamite n'a pas du s'amorcer correctement. Mylène est
placée devant le portail, assez près des flammes. Elle regarde le décor
brûler (intro vocale de Allan). Laurent à la caméra la filme depuis
les rails : "-Tourne toi vers moi Mylène". Elle retourne la tête
alors lentement en direction de la caméra d'un air très triste. On peut
entendre un personne dans la foule dire : "- C'est maintenant que ça
devait exploser ! (rires". Laurent, lui, continue à diriger Mylène :
"Viens vers moi Mylène, viens vers moi. ...Et puis tu ressers (au
cadreur)..."
On voit à ce moment là passer François
Hanss le long des flammes, derrière le portail, en trin
de courir pour les filmer en gros plan, alors qu'une des bombes n'a toujours pas
explosé... Les gens crient, la coordinatrice au micro, le public et Laurent
lui-même, qui dit : "- Hey regarde
François où il va il est fou !"
"François! François! (au mégaphone), Non mais ça va pas ? Ca risque de
sauter maintenant !" Laurent redit :"-Coupez !, Mylène reviens".
Peu de temps après, François Hanss est de nouveau en
train de courir le long des flammes et de la fumée noire. On entend de nouveau
des commentaires de la coordinatrice et de l'assistance : "François!
François!" "François journaliste sur le front (rires)"
"François au pied ! (rires)". En fait les images alors filmées par
François Hanss seront utilisées pour le clip d'Allan,
lorsque la caméra se déplace latéralement aux flammes. Laurent et ses
assistants mettent Mylène devant le décor
(assez éloignée tout de même) et
la filme de profil avec le cimetière derrière. Laurent tente alors de faire
déclencher la dernière bombe qui n'a pas marché pour la filmer. On entend un
hélicoptère (peut-être un canadair). Malheureusement ça échoue et
l'explosif n'explose pas. L'assistance rit et Laurent
aussi, qui fait un signe
d'impuissance en voyant que le dernier explosif ne démarre pas. Après, Laurent
s'avance vers le décor avec sa caméra épaule. Mylène le suit. Dans le clip
d'Allan, les plans où elle marche le long du décor embrasé seront
tournés maintenant. Le plan amateur se ressert sur Mylène, elle sort du cadre
de l'écran. La personne qui filmait n'a du plus avoir de batterie. Fin brutale
du reportage.