L'Inédit 2

Septembre 1994. Après la projection de presse, Laurent BOUTONNAT, Jeff DAHLGREN avec l'aide d'un interprète et Mylène FARMER donnent les uns après les autres une interview au mensuel français Nostalgie et à "L'Est Républicain" .  L'entretien a lieu dans un restaurant. Un homme et une femme questionnent à tour de rôles Mylène Farmer sur le film, sa carrière et ses fans.

Ce transcript a été fait avec la plus grande fidélité possible à partir des bandes sonores analogiques de l'enregistrement de l'interview. Celle-ci n'a jamais été diffusée, jamais été retranscrite nulle part. Certaines copies circulaient toutefois depuis 6 ans ailleurs, dans les mains de certains fans de Mylène Farmer.  Cette interview en ligne depuis le 5 octobre 2001 est une exclusivité.

 
 
J : Vous abordez le cinéma comme la chanson ? Avec la même approche ?
 
MF : C'est un travail différent. L'émotion est prodigieuse en scène. Donc je crois qu'émotionnellement il est difficile de rencontrer quelque chose de plus fort que la scène. Maintenant d'un point de vue plus ludique, c'est un métier passionnant. Difficile et passionnant.
 
J : Laurent Boutonnat viens de nous dire que le rôle était très proche de vous. Vous le sentez comme ça ?
 
 
MF : On va dire que ça n'engage que lui. (rires) Je ne me sens pas radicalement opposé au personnage de Catherine. Je ne suis pas Catherine, peut-être avons nous en commun cette fragilité et cette colère rentrée qu'elle a en elle. Cette sensation parfois de n'avoir pas ou d'être pas comprise et d'avoir un comportement parfois ou irrationnel ou différent, et qu'on aime bien condamner, peut-être, ça... Et puis définitivement certainement l'enfant qui est en Catherine et que je retrouve dans mon jeu.
 
J : Et la "colère rentrée" que vous avez en vous,  vous l'avez contre quoi ?
 
MF : Contre la vie en général. Une colère en moi, quelque chose d'assez violent contre... l'injustice certainement, et la vie en général, la difficulté de vivre et toutes ces choses là. Ce n'est pas passif, voilà.
 
 
 

J : Comment ça c'est passé l'écriture du scénario ? Vous étiez impliquée dedans ?
 
LB : Du tout, du tout. Laurent Boutonnat a écrit son scénario, ses personnages, on en a très très peu parlé et mon souhait était de lire le scénario fini, terminé.
 
J : Est ce que vous avez une tendresse particulière pour certaines scènes ?
 
MF : Me concernant ou du film en général ?
 
J : Une scène que vous aimez...
 
MF : J'aime une partie du film qui est la réanimation. J'aime aussi bien d'un point de vue narratif, que montage. toute cette partie où Marie, la gouvernante, devient complètement folle, elle est à l'extérieur, la réanimation, ce que ça suppose également. Je trouve ce passage vraiment magnifique.
 
J : Comment se fait le passage du clip au film, c'est d'une chose où on doit faire passer beaucoup de choses en un temps limité, à un film, qui à la temps d'installer un personnage...
 
MF : J'allais dire sans prétention aucune, très naturellement. Si ce n'est que c'est vrai qu'il y a toujours une frustration dans un clip parce qu'il n'y a pas la parole -si ce  n'est qu'il y a les mots d'une chanson et qu'on a pas le temps de développer un personnage- En tout cas c'est très concis. Donc il y a plus une "frustration d'actrice" dans les clips. Et puis cette envie aussi dans le fond d'interpréter quelqu'un d'autre que soit. Ca c'était fondamental pour moi. Même si bien évidemment il y a des choses que j'ai puisé en moi. C'est quand même un personnage qui n'est pas le mien.
 
 
 
J : Et l'envie de passer au cinéma date de loin pour vous ou pas ?
 
MF : J'ai été très attiré par le cinéma bien avant la chanson. Et quand j'ai rencontré Laurent Boutonnat, notre naissance a été la chanson. Une naissance commune sachant qu'on pouvait aussi s'exprimer au moyen des clips. Ca c'est très important pour moi. Avec toujours cette idée qu'un jour on ferait quelque chose. Lui en tout cas un film et moi également. Ensemble ou non.
 
J : Donc c'étaient des idées de départ que vous avez réalisé...
 
MF : Oui, oui, absolument. Notre rencontre... Ces deux passions là étaient en chacun de nous. Je l'ai réellement décidé. Je savais que c'était capital pour moi et pour mes films.
 
J : Ca a été dur de ne plus totalement maîtriser ce que vous alliez donner à voir ?
 
MF : Justement de n'avoir plus ces inhibitions qui font partie de moi dans la vie de tous les jours. C'est à dire de baisser les bras et de se dire "maintenant laissons nous porter". Et c'est quelque chose d'assez difficile. Mais en aucun cas il n'y a eu de conflit ou de chose comme ça.
 
 
J : Et c'est la première fois dans votre carrière où vous vous laissez porter complètement ?
 
MF : Oui. C'est à dire cette volonté que de ne pas tout contrôler. Sachant que c'est un travail commun malgré tout avec Laurent. Avec mes propres décisions, mes textes, et des choses quand même qui m'appartiennent. Maintenant sur un film, j'étais "au service" d'un metteur en scène.
 
J : Oui, mais un metteur en scène que vous connaissez bien quand même...
 
MF : Bien sur mais ça c'est...
 
J: Est-ce que vous avez refusé des rôles déjà avant ?
 
MF : Oui, on m'avait proposé quelques rôles avant, que je n'ai pas accepté parce que je ne trouvais pas ce que je voulais. Mais j'aurais pu commencer avec quelqu'un d'autre oui.
 
J : Quel genre de film aimez vous voir ? Quels réalisateurs ?
 
MF : J'aime beaucoup de réalisateurs, donc je peux vous donner une palette de réalisateurs. J'aime beaucoup Spielberg. Je dirais que tous les Spielberg, à part peut-être Jurassic Park qui ne m'a pas vraiment touché, mais tout s'estime. J'aime David Lean profondément, David Lynch, Oliver Stone, Jane Campion découverte il y a longtemps quand elle avait fait son premier film que j'avais vraiment adoré. Il y en a tellement…
 
J : Vous allez les voir en salle ou à la télévision ?
 
MF : Non, je vais les voir en salle, parce que la télévision dénature quand même beaucoup. J'aime bien aller au cinéma.
 
J : Pourquoi avez-vous refusé les films qui vous avaient précédemment été proposés ?
 
MF : Soit parce que les metteurs en scène ne m'attiraient pas, ou des rôles qui ne me plaisaient pas. Maintenant c'est difficile parce que je ne vais pas vous dire quoi, qui et pourquoi...
 
J : Mais quels genres de rôles ont vous a proposé ?
 
MF : A l'époque de Sans Contrefaçon, c'était un rôle sur l'androgynie, à l'époque de Libertine c'était un rôle un peu plus dénudé...
 
J : On en a connu d'autres à votre place qui font à la fois même temps chanteurs, acteurs, et même quelquefois présentateurs de télés…
 
MF : Et qui se cassent la gueule (rires)
 
J : De qui voulez vous parler ? (rires) C'est assez étonnant de voir que vous délaissez quand même une carrière, que vous en commencez une autre, alors que beaucoup à votre place se seraient dit : "Je vais tout faire en même temps"…
 
MF : Pour des choses un petit peu moins élevées, déjà point de vue technique, Laurent Boutonnat étant le compositeur, s'il décide de faire un long-métrage en aucun cas je ne peux le perturber et lui dire "-Voilà, maintenant faisons un album !"
 
 
 
J : Vous pouvez aller en voir d'autres compositeurs.
 
MF : Je n'en ai pas eu envie. (silence) Je n'en n'ai pas envie. Et quand à essayer d'expliquer la scène par exemple, c'est quelque chose pour moi qui ne peux en aucun cas être routinier. Une fois de plus ça n'engage que moi c'est très personnel. L'émotion que j'ai eu au travers de la scène, c'est quelque chose que je ne pourrais pas ressentir de le même façon éternellement. Je le sais. Donc j'ai le sentiment aujourd'hui, puisqu'on en parle, que je ferais peut être une deuxième scène, et peut-être plus jamais…
 
J : Vous avez peur de gâcher les moments rares ?
 
MF : Évidemment il y a le risque que les choses s'affadissent… Mais je n'en ferais jamais trop je le sais aussi, je pense que j'aurais le même comportement ou appréhension par rapport au cinéma qu'à la chanson, bien évidemment.
 
J: Et à la scène ?
 
MF : On peut voir ça comme ça aussi oui. Tout ça c'est conflictuel aussi, parfois on se dit qu'on aimerait bien penser un peu autrement, ou vivre les choses un petit peu moins intensément ou violemment –parce qu'au fond le résultat est violent- à savoir qu'une scène ou deux ou trois dans une vie d'artiste c'est peu.
 
J : Ce que vous recherchez finalement c'est la pureté ?
 
MF : C'est difficile de s'attribuer ses mots là pour soi mais oui, c'est préserver un sentiment. C'est vrai que je ne voudrais pas arriver et avoir le sentiment que de tricher ou que de ressentir à peu près mais pas tout à fait. Ca c'est quelque chose qui réellement tuerais ma vie d'artiste, ce ressentiment. Définitivement. Ca paraît toujours très dramatique quand j'emploie des mots comme ça mais c'est réellement ce que je pense.
 
J : Vous dites que vous faites peu de choses pour vous expliquer. Et pourtant on a l'impression que c'est utile pour vous qu'on vous voit énormément, et on a l'impression que vous êtes très présente. Il y a comme un paradoxe. On dirait que vous dites ne pas vous montrer pour faire bien, mais en même temps vos clips, et on a l'impression que vous êtes tout le temps là ! Je m'en plains pas. Vos clips sur les chaînes de télé, beaucoup en passe. (Mylène tente de répondre "-comment pourrais-je exister ?" mais se fait couper la parole) Et quand on parle aux photographes de presse, ils nous disent "Mylène Farmer , elle est très difficile à photographier." Alors vous préservez votre image, encore un élément là. (Mylène essaie d'en placer une, en vain). Est ce que vous jouer avec votre image ? Comment vous gérez votre image ? Vous êtes quelqu'un qui n'existez que... Pour beaucoup de gens vous êtes quelqu'un… Vous avez cité des trucs tout à l'heure comme Libertine, vous représentez quelque chose…
 
 
 
 
MF : Je crois que l'image a été très importante, le clip est né il n'y a pas très longtemps. Pour ma carrière ça a été très important. Maintenant quand à une difficulté que de me photographier ou de m'interviewer, ça a été une décision de ma part parce que c'est un moyen d'expression pour moi qui est très facile, c'est quelque chose que j'appréhende. Je n'aime pas parler de moi.
 
J : Ca commence bien là…
 
MF : Oui bien sur… Mais en ce sens j'ai préféré faire le minimum. Quand aux photos c'est pareil, Avec les journaux  ou la presse il peut y avoir une exploitation qui est outrancière et dérangeante, c'est quelque chose que je ne veux pas m'autoriser. Donc c'est quelque chose que j'ai refusé également. Peut être aussi parce que le contrôle m'échappe. Parce que c'est difficile de demander à un journal de contrôler tout. Maintenant c'est un peu orgueilleux aussi, si des photos sont faites j'estime que j'ai le droit de choisir ces photos là, en tout cas de donner mon avis ou de demander tel ou tel photographe; donc en général ce sont des choses qui ne sont pas acceptées.
 
 
J : Mais il y a une différence entre dire "je veux choisir les photos" et refuser les photographes !
 
MF : (énervée) Je vais vous dire une chose. Il y a aussi beaucoup de choses qui se disent et qui n'existent pas aussi ! J'en veux pour preuve une séance de photo que j'ai fait il y a deux jours qui s'est très bien passé. Et le soir quelqu'un qui travaille à mes cotés m'appelle et me dit : "Non mais qu'est ce qu'il s'est passé pendant cette séance de photos ? Tu as refusé d'aller faire des photos dans les jardins du Luxembourg !" Et c'est né de nulle part ! Donc pour vous dire que j'ai moi même des informations d'un comportement qui n'existe pas. C'est à dire dans le fond plus vous êtes silencieux plus on vous reproche ce silence et on essaie de vous attribuer des comportements excentriques.
 
J : Et ça veut dire certainement plus intéressés.
 
MF : Appelez  ça comme vous voulez c'est parfois véhément… Un silence provoque une réaction et provoque parfois une animosité.
 
J : Alors comment faites vous pour monter sur scène, continuer à donner des interviews ?..
 
 
MF : Là je parle de nature profonde, non pas de marketing ! Si c'est sa nature profonde, la nature l'accepte. Je crois que je ne sais très bien répondre à cette question, parce que c'est comme ça. Parce que je ne peux pas faire autrement.
 
J : Ca peut- très bien être du marketing
 
MF : Non parce que le marketing ça peut marcher 1 an, 2ans ou 3 ans mais pas sur la longueur, ça, ça n'existe pas. Du marketing il y en a toujours dans une carrière. Que ce soit dans un film, que ce soit dans la chanson, pour tous ces moyens d'expression. Le marketing existe on ne peut pas le nier, l'occulter. Maintenant dans ces choses là non définitivement , ce n'est pas du marketing. Et d'ailleurs je ne cherche pas à me justifier par rapport à ça !
 
J : Mais on ne vous demande pas de vous justifier, on vous pose des questions sur ce qui vous rend différente de beaucoup d'autres dans le show-biz. Qu'est ce que vous avez prévu comme promotion pour Giorgino ?
 
 
MF : Je crois que je vais faire les journaux de 20h00, ce sont là aussi des choses qui sont brèves, concises. Avec Patrick Poivre d'Arvor et puis aussi Antenne 2 et puis je ne sais plus.
 
J : Le journal de 20h00, ou ici même pour vous ou pour Laurent Boutonnat ce n'est pas un plaisir alors de répondre ?...
 
MF : Là maintenant tout de suite sans pas parler de plaisir mais c'est plutôt agréable, si ce n'est que j'espère arriver à répondre à vos questions. Dire que je le fais spontanément : non. Définitivement pas.
 
J : Vous portez souvent ce genre de vêtements ?
 
MF : Non. (rires) Bizarrement j'ai eu ça je crois il y a dix ans et je ne les ai jamais portés, j'ai décidé de les mettre aujourd'hui.
 
J : (ironiquement) Un évènement ! C'est pour nous.
Dans l'avenir immédiat vous retournez dans la chanson ?
 
MF : Oui je pense. A moins d'une proposition fulgurante au cinéma.
 
J : (toujours ironiquement) Spielberg ? Jurassik Park 2 de Spielberg ? Ils font un casting en ce moment.
Ca vous manque la chanson? Dans combien de temps la sortie.
 
MF : Oui. Oui. Je ne sais pas, j'avoue que je n'ai même pas la notion du temps. Pour un album dans environ 4 ou 5 mois. Puis la préparation d'une scène peut-être un an je ne sais pas.
 
 
 
J : Est ce que vous allez voir les autres sur scène ? France Gall ou…
 
MF : Précisément France Gall non. Je vais peu dans les spectacles. Non pas par manque d'interêt mais parce que je ne m'y sens pas bien. Les lieux où il y a beaucoup de monde.
 
J : Alors quand vous même montez sur scène ?
 
MF : Quand on est sur une scène et qu'on voit beaucoup de monde c'est prodigieux quand on est assis et que fatalement on vous repère, j'ai toujours un petit peu de mal. Mais ça m'arrive d'y aller. Mais ces deux dernières années quasiment personne. J'aurais adoré voir Nirvana et je regrette.
 
J : Et à aucun moment il n'a été question que vous enregistriez ne serait-ce que la musique du générique du film, une chanson dans le film ?
 
MF : Oui, il y eu à un moment un souhait de Laurent Boutonnat d'avoir des choses vocales, plus que des mots. Parce que des mots je pense que ça aurait été une erreur. Mais finalement ça ne c'est pas fait pour pour des emplois du temps différents, et finalement il a choisi des chœurs d'enfants et il a eu raison (rires) et c'est magique. Mais essayer de faire une chanson à  mon nom et essayer après de la mettre en clip…
 
 
J: Oui par exemple.
 
MF : Non je pense que ce film ne méritait pas ça. Non. Je voulais dire qu'il n'avait pas besoin de ça, j'ai fais une confusion.
 
J : Que pensez vous de la musique de Laurent ?
 
MF : Je la trouve très belle, très belle.
 
J: en tant qu'actrice vous vous préparez comment à un rôle comme celui là ?
 
MF : Pas de préparation, j'ai juste demandé à un psychiatre d'assister à des entretiens avec des malades.
 
J: Vous avez pût le faire ? Ca vous a apporté quoi ?
 
MF : J'avais envie de voir pour trouver une gestuelle à Catherine qui était particulière. Donc je savais que je pouvais observer ça. C'est plus pour une gestuelle que pour tout autre chose. Et puis parce que le sujet est passionnant.
 
 
 
J: Ces entretiens ça se passait comment vous étiez assise à côté du docteur ?
 
MF : Oui c'est ça j'avais une blouse blanche donc j'aurais pu être un quelqu'un de l'hôpital.
 
J : Donc des malades qui se sont fait auscultés par Mylène Farmer il faut le savoir ! (rires)
 
MF : Oui il est malheureusement difficile d'y trouver un sourire alors… C'était en milieu hospitalier, ça a été relativement bref et j'ai essayé d'être le plus discret possible. Mais c'est troublant, troublant
 
J : Ca se passe comment ce genre d'entretiens ?
 
 
MF : Ce sont des entretiens très cours, en tout cas cette journée là avec des personnes très diverses, qui ont fait des choses très diverses aussi, pour certaines qui ne sortiront probablement jamais. Et puis vu de l'extérieur on a une vue complètement faussée. C'est à dire qu'on lui donnerait son bon de sortie immédiatement. Et puis ces des gens qui sont sous l'emprise des médicaments alors c'est faussé.
 
J : Ca doit quand même être quelque chose de très choquant, soit de très bouleversant.
 
MF : Oui, parce que ces gens là aussi -Je fais référence à une personne lors de ces entretiens qui avait beaucoup d'humour- et c'est vrai qu'à un moment donné, c'est déjà très oppressant pour soi et qu'on se prend à rire ou à éclater de rire avec la personne et que dans le fond c'est tout sauf ça qu'il faut faire parce que c'est donner raison à cette personne. Alors qu'on est hors de ce monde.
 
J : C'est quel genre de personne les patients ?
 
MF : Des hommes et des femmes. D'âges très différents.
 
J : C'est vous qui avez eu le besoin…
 
MF : De cette démarche ? Oui j'avais envie. Vous dire que j'étais persuadée d'y puiser quelque chose pour Catherine, ça c'était l'inconnu. J'ai vu par exemple pour les main, ça c'est quelque chose que j'ai retenu. Car ces malade ont souvent la tête baissée et ont une, j'allais dire une hystérie, en tout cas une raideur dans les mains, toujours les doigts très écartés. Pas des choses molles, toujours des choses très tendues. Donc c'est peut-être quelque chose que j'ai essayé de retenir.
 
 
J : Et pourquoi ?
 
MF  : Je n'ai pas posé la question. Et puis je crois qu'on est soi même quand on est dans une tension nerveuse on a des choses qui se raidissent c'est presque naturel, sauf que eux c'est décuplé. Et puis c'est l'inquiétude qui arrive dans les gestes et dans les mains et le regard. Ces malades c'est les yeux et les mains, le reste est plutôt inerte. C'est bouleversant, c'est perturbant, et puis on se sent totalement inutile c'est la chose la plus inutile. Après on lit un tas de choses.
 
J : Vous avez grandie à Paris ?
 
MF : Non au Canada. A Montréal.
 
J : Vous en êtes revenue très tôt ?
 
MF : J'ai passé 9 ans là bas.
 
J : (inaudible)
 
MF : Du tout ! (rires)
 
J : Qu'est ce que vous espérez du film ? Que vous allez avoir plein de propositions ?
 
MF : J'espère réellement qu'il rencontrera un public dans un premier temps, c'est vraiment mon souhait principal maintenant.  Dans un deuxième temps oui, j'espère qu'il m'apportera d'autres rôles. Mais ma vraie angoisse c'est ça.
 
J : C'est à dire que si ça devient un échec vous le ressentirez très mal ?
 
MF : Très certainement comme un échec personnel oui. Même si dans le fond je ne suis pas responsable dans le fond. Mais oui.
 
J : Vous irez le voir en salle ?
 
MF : Je ne sais pas (rires) Peut-être…
 
J : Le poids du film c'est aussi lourd sur vos épaules que le poids d'un disque ?
 
MF : Non, parce que le poids du film est quand même bien distribué, il y a quand même le personnage de Giorgino qui est très important. Et puis…
 
J : Vous savez quand même que le gros de la promotion va être fait sur votre nom.
 
MF : C'est vrai, il me semble que le disque est plus dur à porter pour moi, plus lourd. Je crois que je vais presque me contredire, les deux sont très durs et très angoissants.
 
J : Ca fait une différence ?
 
MF : Pas réellement parce que mon implication est de la même ampleur. Si ce n'est que dans la chanson il y a mes mots, mon écriture. Dans le film les mots de m'appartiennent pas.
 
J : C'est bizarre ça pourquoi vous n'avez pas essayé d'être co-scénariste ?
 
MF : Parce que je pense qu'à un moment on se perd. Parce que je n'ai pas ce talent tout simplement et qu'à un moment donné je préfère que quelqu'un s'occupe de moi un peu. Non, j'ai cette envie d'avoir quelqu'un vous dise "- Voilà j'ai pensé à toi, j'ai écris quelque chose, j'ai donné ces mots au personnage, débrouille-toi avec."
 
J : Vous pourriez avoir exactement la même envie pour la chanson.
 
MF : Jamais non. Sinon je n'aurais pas fait ce métier.
 
J : C'est à dire que vous êtes prête à vous abandonner quand vous êtes actrice mais pour chanteuse vous avez besoin de tenir les rennes du métier ?
 
MF : J'ai besoin d'écrire mes mots pour donner ce que j'ai envie d'y donner, sinon ça ne m'interesse pas.
 
 
J : Et pourquoi pas donner des mots pour un film ?
 
MF : Non, non.
 
J : Et Laurent Boutonnat fait de la promotion, des tournées?
 
MF : Non jamais Je crois qu'il doit recevoir une chaîne.
 
J : Il est connu en Tchéquie ?
 
MF : Il est toujours surpris d'être reconnu, mais c'est quand même très modéré.
 
J : Il n'a pas fait de conférence de presse ?
 
MF : Mais le propos n'était même pas celui là. Vous savez on était dans des lieux tellement retirés du monde qu'on a pas  été vraiment confronté à la promotion.
 
 
 
J : Vous faites partie des chanteuse à fan, qui sont l'objet de vénérations… Vous n'avez pas peur de ne plus arriver à gérer ça ?
 
MF : J'ai fait attention à ça. Si ce n'est que c'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas de toute façon, si ce n'est en refusant de faire un fan club. Voilà. Parce que je pense que ça ne me convenait pas. Maintenant que de rencontrer des personnes et leur comportement. Il y a toujours des choses qui vous dérangent mais pas pour soi, qui vous dérangent pour ces personnes là. Parce que ces personnes là sont très malheureuses et peuvent rester des journées entières parfois des nuits à attendre quelque chose. Donc si je peux le donner sur un très court instant je vais le donner. Je préfère. Maintenant c'est vrai qu'on ne peux pas donner à tout le onde parce que c'est…
 
J : Vous imaginez par exemple les chambres de jeunes avec des centaines de photos de vous, des T. shirts ?…
 
MF : Je ne veux pas penser à ça.
 
Transcript : Jodel.
Merci à Anthony, Lacrymoire et Flavien.

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