Le DVD

Le 15 mars 2001, le site DVDrama dresse une critique technique exhaustive du DVD des clips de Laurent Boutonnat. La partie Image est notée 10/10,  le son 9/10, l'interactivité 8/10. La rédaction  comme le critique Rémy Coquin ont donné une  appréciation globale de 10/10 ! Les notes sont aussi élogieuses sur le site. Du beau travail !

Pochette recto du DVD de Laurent Boutonnat    Après cinq ans d'attente tous les clips que Laurent BOUTONNAT a tourné pour Mylène FARMER sont réunis sur un DVD qui est sorti le 13 mars 2001. Maman à Tort n'était sorti qu'une fois dans la cassette de 1987 (en son mono) et les clips d'Allan et Plus Grandir Live sur la compilation sortie en 1989. Ils sont tous réunis et on peut enfin déchiffrer les noms du générique de Désenchantée  en grande définition ! 

    Toutefois, malgré les menus animés et le 16/9e anamorphique, le son des clips ne reste qu'en stéréo. Après un premier remixage du mono d'origine de Plus Grandir, Libertine et Tristana en stéréo pour la sortie des Music Vidéos I en 1997, un nouveau codage en Dolby Surround Digital 5.1 n'est pas présent...    :-(   On a droit au même son que pour le Live à Bercy. Ce qui n'est déjà pas si mal car le seul son digital pour les films de Laurent  datent du support Vidéo Disc à la pochette noire. En revanche, ce qui semble inacceptable, c'est que le concert de 1989 ne sort toujours pas en DVD. Le film a pourtant été numérisé et sorti en 1997 en vidéo Disc en même temps que les Music Videos... Quand à Giorgino, il semble être entièrement dans les oubliettes boutonniennes. 

    On peut toutefois noter sur le bonus du DVD Music Videos II & III  "M.F. Confidential" que Laurent Boutonnat est présent en train de faire les arrangements de l'album Anamorphosée. Ce sont à ce jour les seules images prises de lui en train de composer. Prochainement nous publieront ici un résumé de cette séquence. Le DVD est parfait techniquement et donc indispensable, surtout après presque un an d'attente.


 

 



PLUS GRANDIR
    Premier clip tourné en 2.35 cinémascope. D’emblée, l’ambiance est donnée par le lieu de tournage : un cimetière dans lequel Mylène y découvre sa tombe. Elle n’est pas encore teinte en rousse mais l’imagerie du tandem Boutonnat/Farmer est déjà là. Mort, sexe, religion feront interdire ce clip de diffusion télé. Quant à l’image, c’est le presque parfait : la définition est remarquable, tout comme les contrastes qui mettent en valeur les jeux de lumières claires et obscures des scènes d’intérieur. Seule la compression vacille par moment mais rien de gênant.

LIBERTINE
    Le clip qui lança Mylène Farmer tout autant que la chanson. L’esthétisme est un hommage au Barry Lindon de Stanley Kubrick. Mylène est devenue rousse et joue nue pour la première fois (et pas la dernière). Les tons ocres passent à merveille. Seule une légère granulation apparaît de ci de là ainsi que de très rares griffures de pellicule. Les fumées du prologue passent sans aucun problème.

POURVU QU’ELLES SOIENT DOUCES
    Ou Libertine 2. Judicieusement placé derrière Libertine alors que le clip à été tourné 2 ans plus tard. On passera donc le changement de coupe de cheveux de Mylène pour se rappeler que ce clip entièrement financé par le tandem Boutonnat/Farmer fût le plus cher de l’industrie musicale française. Et cela se voit à l’écran par le nombre de figurants et les costumes entre autres. Les tons ocres sont toujours là, par contre la définition est en retrait : Les gros plans sont légèrement flous. Mais ça n’est pas dû au DVD puisque toutes les autres éditions vidéos ont toujours présentées le défaut.

TRISTANA
    Laurent Boutonnat revisite Blanche Neige. Pas la peine de vous dire que la fin n’est pas celle de Disney. Couleurs et contrastes sont toujours au top. Par contre la compression nous offre quelques plans saccadés et de la granulation de temps à autres.

SANS CONTREFAÇON
    Tourné avant POURVU QU’ ELLES SOIENT DOUCES le clip présente les mêmes caractéristiques et les mêmes défauts, à savoir le type de pellicule utilisée qui donne en vidéo une définition plus faible (regardez les lattes de bois des roulottes du cirque qui présentent des marches d’escalier dès que la caméra bouge). A noter que Mylène rit vraiment dans ce clip pour la première fois.

AINSI SOIT JE
    Peut être le plus beau clip parce que le plus simple de Laurent Boutonnat même s’il y garde ses nombreux effets de style comme les nombreux ralentis ou son symbolisme avec l’apparition de la biche. Mêmes remarques techniques que pour SANS CONTREFACON. La compression quant à elle reproduit à merveille la neige et la fumée.

SANS LOGIQUE
    Les amours impossibles, toujours. La granulation se réveille mais le réducteur de bruit vidéo veille, donc rien de bien grave.

A QUOI JE SERS
    Écrite pendant la tournée de 1989, un soir de blues (ce qu’on pense assez rare chez Mylène Farmer). L’artiste y retrouve au fil de l’eau tous les protagonistes de ces clips. Ici la granulation est voulue. Nous nous attarderons donc sur les superbes contrastes de ce clip en noir et blanc. Ici aussi les fumées passent sans problème le cap de la compression MPEG2.

DÉSENCHANTÉE
    L' Imagerie de Laurent Boutonnat avec un I majuscule et le plus grand succès de Mylène Farmer. L'image est la plus belle de tout le DVD et ça n'est pas un mince compliment. Les éclairages difficiles des scènes d'intérieure font merveille. Les couleurs sont magnifiques. 

 

REGRETS duo avec Jean Louis Murat. 

    Deuxième clip en noir et blanc et retour au décor d'origine, c'est à dire le cimetière. Les plans surexposés et la fumée passent toujours à merveille. Par contre les fondus d'image sont un peu saccadés par la compression.


JE T' AIME MELANCOLIE
    Tourné en 1.66/1 comme BEYOND MY CONTROL et A QUOI JE SERS. Ce sont donc les seuls clips légèrement recadrés pour le 16/9. Ce clip est un peu granuleux mais le noir fait ressortir à merveille les tenues de danse et de combat.

BEYOND MY CONTROL
    Dernier clip signé Laurent Boutonnat qui se présente presque comme une conclusion de toutes les amours impossibles de Mylène Farmer qu'il a filmé en 8 ans. Lui aussi interdit de passage avant 22 heures à la télé. La granulation est plus importante sans être dérangeante.

 

 

 

LE SON est globalement très bon. Il a aussi été remixé en 1998 et supervisé par Laurent Boutonnat. Néanmoins les premiers clips présentent une dynamique plus faible. Il faut attendre A QUOI JE SERS pour réveiller les enceintes. Ne croyez pas pour autant que les premiers clips soient mauvais, on passe seulement du très bon à l'excellent.

On peut cependant regretter l'absence de remix Dolby Digital 5.1.

L' INTERACTIVITE : Le menu principal est légèrement animé sur fond d'images extraites de Ainsi soit-je et de neige. Il donne accès

    - A l'intégrale des clips qui comme son nom l'indique permet de regarder l'ensemble des clips
    - Aux clips par chapitre animé
    - Au Making of de Pourvu Qu'elles soient Douces et de Désenchantée déjà présents sur les anciennes éditions vidéos. Nettement moyens en qualité technique, ils sont néanmoins très complets. Attention, ils ne comportent pas d'interview
    - A 3 clips rejetés des autres éditions Music Videos . A savoir Maman à tort (première chanson de Mylène Farmer ) très sombre et peu défini ; Allan et Plus Grandir extraits de la tournée de 1989.

Rémy Coquin.

DVDfr.com : 21 Mar 2001-- Critique parStéphane Leblanc. Les premiers clips, ou plutôt films devrait-on dire, de Mylène Farmer sur DVD. Dès l'apparition du support, les fans y ont songé. Surtout en constatant la qualité déplorable de leurs vieilles VHS usées à l'extrême à force de visionnages répétés. Véritables prolongements des textes de Mylène Farmer, les clips de Laurent Boutonnat sont d'authentiques courts métrages (en cinémascope pour la plupart) avec génériques et musique d'accompagnement. Tous tournés sur de la pellicule, ils offrent chacun un univers différent et explorent une à une les facettes de la personnalité complexe qu'abrite Mylène Farmer.
Une pièce indispensable dans toute collection "Farmerienne".

    -Généralités : 5/5. C'est parfait ! La jaquette est claire et bien détaillée, le livret comporte tous les détails importants et des photos sublimes. Les menus entièrement animés et sonorisés sont superbes et exploitent à merveille les éléments graphiques que l'on peut retrouver dans les clips

    -Suppléments : 5/5. On distingue ici deux sortes de suppléments : les clips-bonus et les making-of.
Les clips-bonus sont des clips qui avaient été écartés lors de la réédition des premières VHS. Il s'agit de "Maman à tort" (effectivement loin de la qualité globale) et les versions live 89 de "Allan" et "Plus grandir" qui offrent tout de même quelques images inédites en plus des extraits live.
Les making-of sont ceux de "Pourvu qu'elles soient douces" et "Désenchantée", deux clips mastodontes à la lourde production dont ces making-of donnent un (trop) léger aperçu. Mais c'est surtout l'occasion pour les fans de voir le couple Farmer/Boutonnat au travail.

    -Image : 4,5/5. Incroyable ! Ce DVD est rempli de prouesses et d'initiatives très appréciables au niveau de l'image. Une remastérisation complète a tout d'abord été effectuée à partir des négatifs originaux. Ensuite, le choix a été fait d'encoder le tout en anamorphique. C'est excellent ! Les possesseurs de TV 16/9ème vont s'en donner à cœur joie ! Surtout que la compression est elle aussi un véritable tour de force si l'on considère l'omniprésence de fumées et autres brumes dans quasiment tous les clips. Et le résultat est étonnant de stabilité ! Les arrières plans n'ont pas la bougeotte et aucun pixel à déplorer. Du très bon travail !

    -Son : 5/5.  Le PCM stéréo est de très bonne qualité. Très dynamique, et laissant tout de même toute la place nécessaire aux sons plus fins comme les bruitages de "Libertine" ou "Pourvu...".

 

Testé avec : Téléviseur 16/9 Sony 16/9 70 cm, Lecteur DVD de salon Pioneer DV-626D Amplificateur Yamaha RX-V393RDS, kit enceintes & caisson Yamaha NSP-300


 

Vous le savez peut-être maintenant, mais la rédaction de Dvdfr.com abrite une bête curieuse : un fan de Mylène Farmer ! Chantre de la liberté d'expression, Dvdfr.com se lache et accorde plusieurs pages pour la présentation et l'interprétation (très personnelle) des 28 clips composants les 2 DVD sortis récemment.


MAMAN A TORT

C'est là que tout à commencé. Dès la première chanson, dès les premières notes de cette chanson entêtante. Le succès est déjà là, la controverse également.
Mais qui est cette chanteuse qui se permet en 1984 de raconter des trucs pareils sur les ondes radio françaises ? Maman à tort ? J'aime l'infirmière ? J'aime ce qu'on m'interdit ? Et bien ça promet !
Le clip n'est pas des plus significatifs (loin de là). Plus une blague de potache surtout destiné à jeter de l'huile sur le feu allumé par les premiers détracteurs de l'époque.
Un peu de morbide et d'humour noir et le tour est joué. On a qu'à bien se tenir, Mylène Farmer et Laurent Boutonnat sont lâchés dans la nature et il semblerait qu'ils ne soient pas décidés à se laisser impressionner.
Pour l'anecdote, sachez qu'un clip plus "sérieux" était prévu et avait même été storyboardé. Mais le budget de l'écurie Farmer, ne permettait pas encore de s'offrir du cinéma.
Fort heureusement, le succès de ce premier single a ouvert la voie pour la suite...

PLUS GRANDIR

Cette fois, ça y est : la chanson est plus sage que la première, mais le clip est un véritable court métrage. Musique d'intro (le morceau Cendres de Lune), générique, format cinémascope, et re-générique à la fin avec musique composée spécialement pour l'occasion.
La grande période "Boutonnesque" est lancée.
Mais ce sont également les thèmes chers à Mylène Farmer qui s'amorcent ici : le vieillissement, la mort, les rapports conflictuels et toutes une floppée de paradoxes en tout genre...
Ce texte et le clip qui va avec s'attardent surtout sur le vieillissement inévitable. Mais ce n'est pas tant le vieillissement physique qui inquiète ici mais bien le fait que ce vieillissement inéluctable amène aussi son lot de changements dans la vie d'une personne. Elle ne veut pas grandir parce qu'elle ne veut pas souffrir et encore moins mourir. Et Histoire d'exorciser cette peur, du conflit avec sa poupée jusqu'à sa mort en passant par le viol, le clip présente tout ce que le fait de grandir peut amener de négatif : le fait de changer, de devenir un objet sexuel et bien évidemment de finir ses jours dans une enveloppe charnel totalement inutile. En clair, Mylène n'est pas pressée de passer au stade de Femme.

LIBERTINE

Et pourtant ! Elle a des charmes et sait en user ! Elle va même jusqu'à proclamer (pour la chanson) qu'elle est offerte à qui veut. Ce nouveau titre va amorcer une série (longue et ininterrompue à ce jour) de tubes auprès du public français (même les réfractaires connaissent et ne peuvent s'empêcher de fredonner en l'entendant). La provocation est à son maximum (pour l'époque) ! Je suis une catin ! Manquait plus que ça !
Mais c'est également l'occasion pour Laurent Boutonnat de faire preuve une bonne fois pour toute de son talent de réalisateur et de metteur en scène (non, non, ce n'est pas tout à fait la même chose). On ne parle d'ailleurs plus de clip mais de court métrage ! Il faut dire que tout y est ! Cinémascope, décors, costumes, ambiance bacchanalesque, duels, intrigue, sexe... pour un peu, on se croirait dans Barry Lyndon !
L'interprétation n'est pas forcément de mise avec ce "film" étant donné qu'il illustre parfaitement un texte plutôt léger. Par contre, ce fut là la première occasion pour la censure de tomber à bras raccourcis sur Mylène Farmer et Laurent Boutonnat. Malgré les scènes de duels et d'exécution sommaire (dans le dos), c'est surtout la scène (très belle et très sensuelle d'ailleurs) de "sexe" plantée au beau milieu. Ben oui, la foufoune de Mylène aux heures de grande écoute, c'est pas bien ! Alors on coupe ! Et à moins d'avoir eu la chance d'assister à la projection intégrale du film dans un cinéma des Champs-Elysées (sacré promo pour l'époque), il aura fallu attendre la première cassette de clips (1987) pour enfin visionner l'intégralité de la chose, qui depuis ne ferait d'ailleurs plus peur au plus vertueux comité de censure.
On va dire que j'en fait des caisses sur Laurent Boutonnat, mais saluons également avec ce clip ses premières compositions (hors musique de la chanson) pour accompagner certains segments du film. Et oui, pour un clip tourné comme un film, il fallait bien une musique de film (qui fit d'ailleurs l'objet d'une édition en maxi 45 tours).

TRISTANA

Dans cette adaptation de Blanche Neige et les sept nains transposées en Russie en pleine révolution, on passe ici dans un univers de conte poétique mais néanmoins morbide. Tristana est très belle et cela ne plait guère à la reine du coin qui ordonne la mort et le dépeçage de la belle... De nouveau, la mort occupe ici une grande place et est considéré ici comme une éventuelle porte vers la délivrance d'un monde trop instable. "Laissez-la partir, laissez-la mourir", on peut difficilement être plus clair ! Surtout quand on apprend que "la" c'est "elle"... De plus la conclusion du clip ne laisse guère le choix de l'interprétation quand, à la question "es-tu vivante ou morte", Rasoukine s'entend (mais l'entend-t-il vraiment) répondre "je ne sais pas" par une Tristana qui célèbre sa renaissance en pleine steppe enneigée et néanmoins ensoleillée, une sorte de havre de paix immaculé où l'insouciance est de mise. Et pourtant, là où Blanche Neige revenait à la vie pour qu'ils "vivent heureux en ayant beaucoup d'enfants", Tristana ne revient pas malgré le retour de son "prince charmant". Un exemple (et il y en aura d'autres) d'amour contrarié et de paradoxe entre amour et souffrance chez Mylène.

SANS CONTREFAÇON

1987, un nouvel album approche à grands pas. Et pour l'annoncer, voici "Sans contrefaçon". Un nouveau chef d'oeuvre d'ambiguïté. Le clip est une merveille. Il s'agit encore d'un amour contrarié, mais quel traitement ! Est-ce le mythe de Pinocchio appliqué ici à l'objet de nos digressions ? Est-ce l'étrange pouvoir de cette femme (incarné par la très rare Zouc) ? Sont-ce les brumes qui habillent à merveilles ces dunes et cette plage interminable ? Peut-être est-ce tout cela, mais il se dégage de ce clip une émotion rare dans la filmographie de notre couple infernal. Ce satané paradoxe est invivable ! Cet homme qui voit sa créature prendre vie et tomber instantanément amoureuse de lui et qui la perd dans la minute qui suit... Comment ne pas avoir le coeur serré pour lui ?
On comprend encore un peu mieux ici ce qui anime les amours de Mylène. Car sous couvert du texte qui cultive le thème de l'être androgyne, le clip quant à lui, peut très bien faire état du paradoxe bien connu de notre fée rousse qui a (avait) tendance à rejeter les hommes dont elle tombe amoureuse. Cet amour contrarié n'est pas forcément celui du marionnettiste mais bel et bien celui de Mylène qui choisi le mutisme après avoir avouer son amour, alors qu'elle sait qu'elle va faire souffrir (volontairement) cet homme. Pour reprendre une phrase qui reviendra bien plus tard : "c'est pas facile, le plaisir"...

AINSI SOIT JE

Et ce n'est pas "Ainsi soit je..." qui va arranger les choses.
1988, le nouvel album (du même nom), sort enfin accompagné de ce single.
Cette fois, le clip s'écarte du côté cinéma pour revenir à une illustration plus métaphorique du texte. Encore une fois, l'amour ne triomphera pas. Il est pourtant bien présent, palpable dans le texte, il a l'air pur. Mais lui céder, c'est céder sa place à quelqu'un d'autre dans son propre esprit et pour ça, ce n'est pas encore le moment. Le clip va encore plus loin. Car au bout de 5 minutes de poésie monochrome (lune, biche, chouette, neige, balançoire, corps offert) la belle fini tout de même par se noyer (volontairement ?). Comme une fatalité, elle égrène son "ainsi soit je", déclare que tout est noir et qu'elle ne voit pas quel espoir il pourrait y avoir...
Tant pis...

POURVU QU'ELLES SOIENT DOUCES

Pour la première et unique fois dans l'histoire du clip français, non seulement on dépasse ici le quart d'heure de film, mais en plus, sous couvert d'un texte qui fait la part belle à l'indécision sexuelle et donc sans grand rapport avec "Libertine", ce clip va se positionner comme une suite cinématographique de ce dernier.
On retrouve donc Libertine et son amant où on les avait laissé 2 ans plus tôt, c'est à dire pour mort, tandis qu'un bataillon d'anglais cherche un raccourci que jamais ils ne trouva. Mais les records pleuvent sur ce titre : 17 minutes, 13 semaines en tête du Top 50 de l'époque, un budget sans précédent pour un "clip vidéo"... Mylène avouera à l'époque qu'elle était prête à manger des nouilles pendant un moment si elle et Laurent Boutonnat pouvaient se faire plaisir de la sorte. Et le travail est conséquent ! Jugez plutôt : en toile de fond, le conflit anglais/français, les prostituées engagées pour distraire les anglais tandis que les français approchent, les vieux comptes à régler entre Libertine et sa rivale, et on peut au final se poser des questions sur la nature exacte de Libertine. Ne serait-elle pas un ange mortel venu sur Terre pour y prendre quelques vies ? Car enfin, que de morts autour d'elle ! Jusqu'à ce tambour qui en la voyant se rappelle des conseils de son père qui l'avait prévenu sur l'apparence que prendrait la mort au moment où elle viendrait le chercher. Et pourtant, il n'est pas mort, car devenu vieux, c'est lui qui nous narre cette histoire. Notre ange a-t-il eu pitié de lui ? Etait-il assez innocent pour mériter de survivre à ce carnage ?
Mais c'est déjà la fin et le générique se déroule avec la musique qui devint le magnifique "Puisque..." une fois accompagné de son texte sur la face B du 45 tours.

SANS LOGIQUE

Pour la population "bien pensante", Mylène Farmer était déjà morbide, sexuellement instable et perturbée... histoire de ne pas les décevoir, elle ajoute ici le satanisme à sa collection de psychose...
Cette fois, elle annonce clairement la couleur : "aussi bien satanique qu'angélique"...
Et le clip ajoute en plus un nouvel amour contrarié, quand possédée par le démon, Mylène embroche son amant pendant un simulacre de corrida. Mais c'est plus fort qu'elle, même amoureuse, "une autre" en elle se glisse. Elle avoue au moins que tout cela n'a rien de logique. Mais le mal est fait, son amant se meurt, la pluie tombe et la belle pleure des larmes de sang... sans doute son âme déchirée qui se manifeste...

A QUOI JE SERS...

Cette chanson est née pendant la tournée de 1989. Les premières dates n'ont pas eu cette chanson sur scène. On atteint ici un summum de mélancolie dans la carrière de Mylène Farmer.
La pochette du disque est une photo prise dans sa loge à la fin d'un concert. Elle est effondrée. Cette première tournée fut quelque chose de très violent pour elle. Une émotion sans précédent (émise par son public en transe) la submergeait tous les soirs. Difficile de recevoir ça sans broncher. Les larmes étaient présentes tous les soirs. Et là, après avoir reçu autant d'amour et de témoignage d'affection, tout s'arrête brutalement, tous les soirs. La question vient alors : "mais à quoi je sers ?"...
Quel est son rôle exact dans cet échange ? Doit-elle donner moins ? Doit-elle donner plus ? Comment trouver l'équilibre dans cette mer déchaînée ?
"A quoi bon vivre..." se questionne-t-elle ... et le clip donne une réponse pour le moins pessimiste : le suicide. Car comment interpréter autrement sa résignation évidente. Elle a préparé sa valise, elle attend calmement le "passeur" et retrouve dans des marais monochromes les personnages avec qui elle a débuté sa carrière, une façon de revoir sa vie d'artiste en un instant. Mais peut-être que le tableau n'est pas si noir... peut-être qu'une renaissance est possible... En tout cas, à l'époque, nombreux sont les fans qui se sont demandé si la carrière de l'ange roux ne se terminait pas ici.

ALLAN

1989 fut pour les fans des deux premiers albums une année fabuleuse : celle de la première tournée. Les critiques furent également époustouflés par la qualité du spectacle proposé : danseurs, décors grandiose, costumes différents signés Mugler pour chaque performance... C'est également l'occasion de vendre quelques temps après un double album Live lancé par ce single écrit en hommage à Edgar 'Allan' Poe et qui figurait déjà sur l'album "Ainsi soit je...".
Et qui dit single dit toujours clip, et là, Laurent Boutonnat ne peut se contenter de mettre bout à bout quelques images du concert (qu'il a d'ailleurs filmé sur pellicule). Alors il filme la destruction par les flammes du décor du concert. C'est le moine qui ouvrait et fermait la grille du concert qui est chargé de la sale besogne avec un lance-flammes. Mylène assiste alors à l'effondrement de ce symbole. Mais n'est-ce pas là une sorte d'exorcisme ? Une ultime solution pour oublier cette immense joie et à la fois cette immense souffrance que lui a apporté cette tournée... Elle semble en tout cas sereine et ne semble pas regretter cette folie...

PLUS GRANDIR LIVE

Deuxième extrait du Live 89, cette reprise de "Plus grandir" sert surtout de deuxième tremplin promotionnel au CD. Le clip lui même ne comporte quasiment aucune mise en scène supplémentaire et se contente de mixer les images des différents morceaux du concert. Une grosse bande-annonce en quelque sorte, pour annoncer la sortie de la cassette vidéo...

 

DÉSENCHANTEE

Deux ans d'attente, et voici "L'autre...".
Ce nouvel album est le commencement d'un profond changement dans la personnalité et les textes de Mylène Farmer. La voix a changé, la coupe de cheveux aussi et au lieu d'exposer ses névroses, elle choisi de parler de ce qui l'anime et de ce qu'elle ressent. Avec ce single, elle entraîne avec elle toute un nouveau groupe de fans qui vont se reconnaître dans cette déclaration de désenchantement. Elle se défend pourtant d'avoir voulu lancer un hymne pour la jeune génération de l'époque... trop tard ! Le succès est au rendez-vous. La tourmente aussi dans son esprit. "Plus rien ne va", "tout est chaos...", c'est également le cas de ce clip où dès son arrivée dans un camp de travail perdu au milieu de nulle part, Mylène déclenche une révolte qui permet à ses participants de s'échapper et de courir alors vers la liberté... mais où est-elle justement cette liberté ? Devant eux, tout n'est que neige et glace... Mais il vaut certainement mieux avancer dans cet inconnu au risque de se perdre et peut-être d'y rester, plutôt que de retourner en arrière et de rester prisonnier de cette vie sans aucun sens.

REGRETS

Fait unique dans la carrière studio de Mylène Farmer : un duo (un autre sera fait plus tard, mais sur scène). Et tant qu'à faire, autant trouver quelqu'un dont l'aura est tout aussi sombre à l'époque. Jean-Louis Murat est cet homme. Lunatique, mystérieux, ce sont ses premiers textes totalement introuvables aujourd'hui qui ont intrigué Mylène. Ils se rencontrent et il accepte (il se demandera plus tard pourquoi) non seulement de chanter sur le nouvel album, mais également d'assurer une partie de la promotion du single. Assez curieusement, en lisant le texte, on se dit que cette chanson est plutôt optimiste. Un amour enfin permis ? Il est même plutôt fougueux ! "Oh viens ne sois plus sage", "n'aie pas de regret", et toutes sortes d'invitations à tenter la chance d'un amour, même s'il reste incertain. Le clip, lui, présente une approche très romantique mais bien plus pessimiste quand on comprend que cet homme vient ici penser à son amour perdu mais qui reste toujours très vivant dans son esprit au point d'avoir l'impression l'espace d'un instant qu'il l'entend, la voit et la touche... superbe.

JE T'AIME MELANCOLIE

Reine du paradoxe, Mylène nous parle ici de son amour pour les sentiments triste et pour la mélancolie en particulier. Mais elle le fait sur un ton léger grâce à une musique entraînante qui fera de ce titre un nouveau succès. Cependant, sans suivre tout à fait le texte, le clip choisi d'être plus ouvert en offrant un combat de boxe mêlé à des chorégraphies exécutées sur le ring en petite tenue signée Gaultier. Que représente vraiment cet homme ? La mélancolie, certaines peurs, ou plus simplement un défouloir ? Ce qui est certain, c'est que Mylène sort victorieuse de ce combat. Mais paradoxalement, cela ne semble pas la satisfaire puisqu'elle s'effondre douloureusement à genoux sur le ring dans une posture de découragement... d'autres combats s'annoncent certainement et ils risquent d'être plus rudes...

Stéphane Leblanc.

 


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