Libertine II. Un légionnaire de dix ans est plongé dans une bataille opposant français et anglais.

     Le film de Libertine II s'ouvre sur le même type de plan que le premier volet : la verdure. La première scène suivra intelligemment la même structure scénique. La caméra suit des pas qui découvriront la mort, soit en l'ayant provoquée, soit en la provoquant. La dernière scène de Libertine date peut-être d'un jour, voire de quelques heures. Les deux cadavres sont encore frais, la rivale a fait ses ravages très récemment. Libertine, encore vivante, est recueillie par un bataillon anglais ayant fait fausse route et se retrouvant malgré eux en France. Nous sommes en Août 1757, pendant la guerre de sept ans, souvent évoquée au cinéma. Libertine est rapidement soignée et est espionnée dans son sommeil par le capitaine anglais qui vient la regarder de très près. Il retire le drap qui la recouvre avec... son fouet. Surpris par le petit tambour, il le ramène dehors pour le fouetter à la vue de tous ses militaires du rang. Libertine arrive, se saisit du fouet pour en frapper le capitaine. 

 

    De retour dans la tente de Libertine, le capitaine furieux lui ordonne de se dévêtir, elle lui cassera ses envies en lui éclatant une bouteille sur la tête (mouvement récurent depuis Libertine) et s'enfuira en lançant un cheval du campement au triple galop. Deux officiers des troupes françaises, pendant ce temps, achètent des prostituées pour qu'elles sèment le trouble quand la nuit tombera. Après une poursuite effrénée, le capitaine retrouvera Libertine adossée contre un arbre, pansant une blessure à la main. Il la lui prendra en l'enlaçant contre la sienne. A quelques mètres de là deux officiers français regardent la scène à la longue vue, prenant les deux protagonistes pour des ennemis, Libertine ayant vêtu un uniforme anglais prêté par le capitaine. A côté d'eux une dizaine de prostituées attendent, et à leur tête la rivale du premier épisode, bien décidée à savourer sa vengeance. C'est contre ces quelques sous qu'elles seront chargées de "divertir" les soldats anglais pendant la nuit, et de donner le signal au petit matin, avant que les anglais n'aient eu le temps de préparer leurs armes.

 

    On retrouvera une vision de l'union particulière de Libertine et du capitaine anglais quelques heures plus tard lors de l'incroyable orgie contée par Laurent Boutonnat , la nuit dans le campement. Un gros plans sur  leurs mains fera juste sentir la capitaine sur Libertine, unissant leurs destins. Les prostituées donnent alors du "plaisir" aux militaires dans une orgie très esthétique, comme toutes les fêtes montrées par Laurent Boutonnat (comme dans Libertine, celle de Giorgino d'ailleurs, sera un exemple du style Boutonnat). Les ralentis sont nombreux et on se rappellera de certaines images, comme celle du vin coulant sur le corps d'une prostituée allongée à terre. 

 

 

    L'acte amoureux entre Libertine et le capitaine en lui même est filmé avec une grande sobriété, à la lumière du feu de camp anglais. On voit juste Libertine tournant le dos au capitaine, puis, les mains l'une sur  l'autre, sur la couverture avec les doigts entre-croisés. Laurent Boutonnat vient d'inventer un nouveau symbole cinématographique pour une pratique difficile à montrer élégamment à l'écran.

 

      Au petit matin, après le signe d'une prostituée (on retrouvera cette actrice dans d'autres clips dont Sans Logique et Que mon cœur lâche), les troupes françaises attaquent, ne laissant aucun répit aux militaires anglais. Le capitaine à moitié endormi sort vite de son état comateux pour donner ses instructions, tandis que Libertine, sortant inquiète de la tente, regarde les premiers dégâts autour d'elle. Encore une fois, là où l'intrigue est à son maximum, Boutonnat insert un personnage totalement à contre-courant de l'action. Le pion sensé gardé la tente du capitaine s'est endormi debout, et ne se réveille pas malgré les premiers coups de canon qui résonnent autour de lui. Champ des morts. Le sang fuse, les prostituées sont décimées par les français traîtres, les chevaux chutent, les soldats tombent. La rivale de Libertine, toujours présente, viens de tuer le capitaine d'une balle dans le dos. Libertine voulant se venger, se jette sur sa rivale, et s'en suit la scène célèbre présente dans chacun des volets de la saga : la bagarre. Cette fois-ci elle se déroule au milieu de la bataille franco-anglaise et dans la boue, à quelques mètres de là. Tentant d'achever Libertine, la rivale se verra transpercée par une lance sortie de la boue au dernier moment par son adversaire. Pour succéder au bruit assourdissant de la bataille qu'il vient de raconter à son spectateur, Laurent Boutonnat monte un plan très explicite : sur un très faible sifflement de vent, le cheval noir de Libertine trotte au ralenti entre les cadavres des guerriers français et anglais étendus sur le sol. La voix racontant le contexte de l'histoire au début du film revient. C'est celle du petit tambour, devenu grand qui fait un constat détaché des conséquences de la bataille et de la vie en général : "-Dieu, dans sa miséricorde verse le sang des hommes pour les laver de leurs pêchers. La mort allait frapper une dernière fois".

  
 

 

    Le petit tambour arrive au milieu du désolant décor en chantant la chanson militaire qu'il devait chanter à l'issue de la bataille. Mais voilà, c'est le seul anglais qu'il reste, tous sont morts, devant l'armée française triomphante. Le bataillon des survivants français s'apprêtent donc à sacrifier le dernier combattant anglais : "- Mon père m'avait prévenu : Tu reconnaîtras la mort à son grand cheval noir, et si par malheur un jour elle s'arrête devant toi : surtout, ne le regarde pas". Le cheval noir arrive, s'arrête devant la tête baissée de Ben, le petit tambour. Il a envie de regarder "-Ne la regardes pas...". Les guerriers prêts à  tirés son immobilisés, la mort est en face  d'eux. Le petit tambour lève la tête, et sur le cheval, trône Libertine, vêtue d'une cap noire, lui souriant. . Il répond au sourire tentant de la mort et monte sur le cheval devant Libertine ...morte. La troupe française se relève, et se retire en baissant la tête, finalement heureuse d'avoir échappée à la mort si proche. Libertine et le petit tambour sur le cheval s'avancent de la caméra dans un halos de fumée : "- Jamais je n'oublierais l'odeur de son parfum et la douceur de sa peau, tandis qu'elle m'emportait... vers la vie." En fait, Libertine est bien morte dans le premier épisode, c'est (au delà de son personnage mort) la mort elle-même qui revient ici pour achever la rivale et emporter l'enfant... vers une vie que lui aurait retirée cette guerre de sept ans.

 

Jodel Saint-Marc.

Influences ?

    Le remix de Pourvu qu'elles soient douces, tel qu'il a été utilisé dans le clip et dans le concert l'année suivante, rappelle fortement la version single du titre Im in Alu, de la chanteuse Israëlienne Ofra Haza sorti quelques mois auparavant et culminant à l'époque au sommet des charts européens.

 

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