Sophie
Tellier s'occupe de la
coordination des chorégraphies pour Mylène Farmer de 1986 à 1991. Elle
recrute les danseurs et danseuses, leur apprend les mouvements, les enchaînement
et veille à leur bonne synchronisation. Elle sera également chargée du
casting des danseurs pour le concert de 1989. On peut d'ailleurs la voir dans
les chorégraphies lors des promotions de Tristana (1987), Pourvu
Qu'elles Soient Douces (1988) et Sans Logique (1989). Ensuite, on la reverra
dans les danseuses lors de la promotion de Désenchantée en mars 1991
où elle occupe toujours les mêmes taches. Suite à ça, elle décide de se
consacrer entièrement à sa propre carrière et part en tournée avec une
troupe de théâtre. Christophe Danchaud (qu'elle avait
présenté à Mylène Farmer en 1987) assurera la relève
pour le travail chorégraphique auprès de la chanteuse. Il travaillera
encore avec elle de longues années, quoique disparaissant de la scène pour les tournées postérieures à 1999..
Sophie Tellier compte toutefois revenir en 1993 auprès de
Mylène et Laurent Boutonnat sur le tournage de Giorgino où on lui a proposé un rôle. Elle passera
aussi par Canal Plus en 1994 où elle participera aux sketches d'Antoine
DeCaunes. Elles joue encore aujourd'hui plusieurs pièces et comédies musicales
à Paris et en Province. Elle est d'ailleurs remonté une nouvelle fois sur
scène en septembre 2000 pour une comédie musicale : Du Vent dans les
branches de Sasaffras. Elle a aussi joué dans le film
de Jean-Pierre Jeunet Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (Dans la
scène où Bretodeau se remémore son enfance avec la petite boîte, il se
rappelle aussi des combinaisons de la tante Josette qu'il regarde par un trou
caché par une photo... Cette tante Josette, c'est Sophie Tellier).
Elle participe après 2000 à plusieurs pièces de théâtre et comédies musicales comme Piaf, je t'aime (au Théâtre dy Gymnase à Paris), Roberto Zucco (aux bouffes du Nord), elle incarne Camille Claudel en 2005 dans Camille C. (au théâtre de l'oeuvre), puis partage l'échec du Clérambard (de Marcel aymé) conçu par Bigard en 2008.
Sophie Tellier : "Après avoir rencontré Mylène au festival du clip de Juan-Les-Pins en 1984, elle m'a rappelé pour travailler sur le corps, le physique et la danse, en séances particulières chez elle. A la suite de ça, Laurent Boutonnat à écrit le clip de Libertine, et m'a proposé de tenir le rôle de la méchante."
Étiez-vous surprise de sa démarche ? Avant elle, les clips français étaient plutôt simplistes...
J'étais surprise sans être surprise, parce que Laurent
et elle véhiculaient un univers très personnel, que j'adorais. Je suis folle
du XVIIIe siècle, je suis très grandes robes, duels, calèches. Depuis que je
suis une toute petite fille, la seule chose qui m'intéresse, c'est d'être une
marquise ! (rires) Même la danse classique, quand j'étais ballerine, nous
amène dans cet univers un peu gothique, les cimetières... C'est intéressant
de le remettre au goût du jour, c'était parfaitement assorti aux chansons et
chacun des trois tournages fut un bonheur. Mylène m'a donné la chance de jouer
des personnages de composition. J'étais toute jeune et je jouait des
personnages de quadragénaires. A l'époque, je n'avais pas encore fait de
courts-métrages, elle m'a donc vraiment mis le pied à l'étrier. Ca a un peu
projeté la lumière sur moi, parce que nous représentions une entité, à nous
deux. Moi, j'étais le mal, elle était le bien, on fonctionnait en opposé.
Étiez-vous très dirigée ?
En me proposant le rôle, Laurent savait que j'allait en faire des kilos, que j'avais une démesure expressionniste, presque baroque, qui convenait à ce qu'il cherchait. Donc il me laissait une vraie marge de manœuvre. Il tournait souvent que deux prises. A la troisième il disait : "- Je ne coupe pas, fais ce que tu veux." Alors j'enlevais ma perruque, je délirais...
Comment s'est déroulé le tournage de Tristana, dans le Vercors ?
C'étais un peu Blanche-Neige et les Soviets, une
ambiance de contes de fées qui parlait à mes origines bretonnes. Il y avait
tout un début parlé, ce qui était très rare dans les clips, et en russe pour
corser le tout ! Une interprète est venue nous faire répéter. J'étais complètement
néophyte, contrairement à Mylène qui a un petit peu appris cette langue à
l'école. J'ai une photo où je fais du bobsleigh des neiges avec elle, on est
méconnaissables sous nos chapkas et nos lunettes... Ils m'ont proposé de
passer pendant le montage, et c'était très dur de me découvrir à l'écran.
Au moment où on le vit, on ne se rend pas compte de l'impact que ça peut
avoir. J'étais aveuglée par mes yeux blancs de sorcière, j'avais les machines
qui me tenaient les mains et les bras quand je courais... Au montage, j'étais
hyper choquée. Et encore, Laurent l'a édulcoré ! Je ne pense pas qu'il ait
gardé les rushes.
Vous vous étiez vue dans le premier clip ?
Ils ont été assez malins. Par exemple, quand je crache le sang, ils m'interdisaient de ma regarder dans un miroir. On m'a nettoyé entre les deux prises sans que je ne voit rien. Je savais bien que j'étais un personnage féminin un peu extrême mais quand je l'ai vu à l'écran, j'étais très étonnée. Aujourd'hui, quand je retombe par hasard sur une rediffusion, ça me fait rire. Les gens me reconnaissent d'avantage dans la rue parce qu'avec dix ans de plus, je ressemble plus au personnage ! (Rires.)
Collaborer avec Mylène et Laurent devait être quelque chose d'éprouvant,. Quelqu'un de timide aurait été balayé, à côté des exubérances de son manager Bertand LePage... Vous sentiez-vous plus solide qu'une autre fille de votre âge ?
Je n'ai jamais eu de problèmes avec Mylène et
Laurent, à part quelques non-dits... Bertrand est quelqu'un d'incroyable, il a
été à la base de tout. Moi, je ne pouvais pas péter les plombs. Il fallait
que je reste à ma place (Bertrand LePage a fait un scandale lors de la
reception donnée en honneur de Mylène FARMER à l'école
des beaux arts en décembre 1989. Elle s'en sépara quelque jours plus tard. NDCP).
Je sentais que Mylène avait confiance en moi, et que je pouvais m'appuyer sur
elle en retour. Elle était très introvertie, très parano. Elle avait besoin
de travailler avec des pointures qui ne soient pas stars, qui aient bon
caractère. J'étais chargée de former les équipes avec qui elle allait bien
s'entendre. D'ailleurs, elle a continué à travailler avec tous les gens que je
lui ai présentés.
Après Pourvu Qu'elles Soient Douces, on ne vous voit plus dans les clips mais vous réglez les chorégraphies du EN CONCERT 89... (On voit Sophie TELLIER dans le clip de A quoi je sers en 1989 NDLR)
Oui, j'ai fait le casting des danseurs et des danseuses de Sans Conterfaçon et j'ai participé aux télés jusqu'en 1991. Là; je me suis dit que je devais travailler pour moi, me lancer dans la comédie.
Avez-vous regretté de ne pas être de l'aventure Giorgino ?
Au début j'avais un rôle. (celui de Marthe, encore une
rivale! NDLR.) J'ai été écartée quand ils ont opté pour une distribution
internationale. Ca m'a fait un peu de peine et je me suis détachée. J'ai
l'impression que Mylène n'a jamais voulu le comprendre. On en a vaguement
parlé, mais elle n'a pas dû saisir que c'était important pour moi. Quand j'ai
vu le film, j'étais un peu déçue. Les images étaient splendides, mais
c'était trop long... Laurent était plus carré dans ses clips, plus efficace.
Il est très sûr de ce qu'il veut, il ne fait pas n'importe quoi n'importe
comment. Je crois qu'il a fait ce qu'il a voulu. Il voulait un film à la David LEAN, très long, avec des étendues de paysages, la petite calèche qui
traverse la neige pendant deux heures...