Les Coulisses

Maigres révélations de la production

    Durant le tournage et le montage, rares sont les indiscrétions étant parvenues jusqu'à la presse. Pas de journaliste sur le tournage (seul une courte demi-journée de présence pour un critique de Studio Mag), et des participants soumis à la règle boutonnienne du secret. Gaspard Ulliel évoquera quand même le film de manière laconique à Yann Gonzales, lors d'une interview au magazine Têtu dans son numéro de juillet-aout 2006 :

    "Je me suis laissé pousser la barbe et les cheveux, j'ai appris à monter à cheval, j'ai eu droit à des leçons de combat au bâton et même à des cours de danse pour les scènes de bourrée. C'est mon premier rôle vraiment physique."

Léo Legrand et Laurent Boutonnat

 

    Le producteur Pathé, quant à lui confie à Christophe Carrière dans l'Express daté du 13 avril 2006 : 

"Le réalisateur Laurent Boutonnat s'est plus inspiré du livre d'Eugène Le Roy, et du contexte inique dans lequel vivaient les paysans en 1830, que du feuilleton de Stellio Lorenzi, conçu pour faire pleurer dans les chaumières».

 
 

A neuf mois de la renaissance sur les écrans de Jacquou, quand on sait qu'Eugène Leroy était un écrivain ouvertement de gauche, on se prend alors à rêver que Laurent Boutonnat signera là son premier film engagé, et sans pathos.

 

Lieux de tournage

    Après la majorité des scènes tournées en Roumanie, l'équipe de Laurent Boutonnat à posé ses caméras dans le Périgord (Dordogne - Aquitaine) pour plusieurs scènes :

- Le village de Saint Géniès, où furent utilisés les toitures en lauzes (pierres plates) et la nature environnante,

- Terrasson, dont le pont fut utilisé pour reproduire celui de Périgueux

- Monpazier, où le château de Biron représente dans le film le château de Nansac (le vrai étant en ruines),

- Beynac et Cazenac, petits villages dont les châteaux qui les culminent ont servis de toile de fond à plusieurs scènes,

- Besse, dans l'église de laquelle le Jacquou de Boutonnat officie en tant qu'enfant de chœur,

- Périgueux, où Laurent Boutonnat a filmé la cathédrale Saint Front en remplaçant numériquement la toiture par celle qui existait au XIXe siècle,

- Sarlat, dont les rues du quartier médiéval à plusieurs reprises tout au long du film.

- Et enfin la campane du Périgord Noir où fut tourné le générique de début et les scènes de culture et de chasse à cour.

Nous noterons quand même que comme Giorgino, 80% des décors construits vus dans le film ont été construits pour l'occasion.

tournage des intérieurs en Roumanie

   « Nous avons filmé en Dordogne sur les lieux mêmes de l'action, précise Laurent Boutonnat. Mais seulement certains paysages bien précis comme le château du comte de Nansac ­perché sur son piton rocheux. Nous avons aussi fait quelques prises de vues dans la vieille ville de Sarlat. C'est en Roumanie, dans les Carpates, que j'ai trouvé les décors grandioses sans pylones électriques ni antennes de télé : des forêts magnifiques, de grands espaces sans trace de civilisation et des ­villages du XIXe siècle ­parfaitement restaurés. » 

Laurent Boutonnat, Le Figaro et vous, 17 janvier 2007.

Des guests

 
    "Poulette", c'était la fille d'Armelle, l'aubergiste dans Giorgino, interprétée par la petite Pétra Chourova. Serait-ce elle que l'on retrouve grandie dans Jacquou, où Boutonnat lui consacre un unique plan lors de la scène du bal, auquel elle assiste avec un fichu sur la tête ? Étrangement on imagine mal que 13 ans séparent ces deux images... mais pourquoi pas ?

    Anne-Marie Pisarini, la mère de Lolita dans Moi...Lolita dirige la grande lessive de printemps, et engage Jacquou.

    Claude Berri, directeur général de Pathé Renn, qui produisit le film, ferait-il une brève apparition à l'écran, lorsque la mère de Jacquou vient implorer la grâce pour son mari auprès du conte de Nansac ? (au centre de la photo avec le chapeau aux bords baissés)

 

Scènes difficiles

    Gaspard Ulliel qui ne sait pas danser, et Jocelyn Quivrin qui se casse la clavicule 3 semaines avant le tournage de la scène du bal, forcément, cette séquence sera la plus longue à tourner : 2 semaines pour 6 minutes de film.

    Dans le même esprit, en plus du bâton, de la danse et de la musculation, Gaspard Ulliel devra apprendre à monter à cheval. Mais au final, dans le film, tous les plans au trop ou au galop ont été supprimés. On en verra Jacquou qu'au pas.

    Mais la scène la plus dure à tourner pour Gaspard Ulliel restera celle du puits, où il dira être resté "trois jours dans de l'eau avec du chlore".

Tchéky Karyo en repos

Un maquillage précis

    Jocelyn Quivrin devra être enlaidi pour son personnage du comte de Nansac. Pour ce faire, il devra subir 2 heures de maquillage quotidien, la pose de tétines dans le nez pour l'élargir, l'harnachement d'un faux ventre, puis la pose d'un appareil fixé sur la mâchoire inférieure pour créer des bajoues.

    Quant à Léo Legrand, Laurent Boutonnat prendra soin de lui blesser à l'aide d'un maquillage la joue gauche (on l'imagine pendant l'incendie de la forêt) avant qu'il ne soit recueilli par le curé et le chevalier. Ce qui expliquera la cicatrice de Gaspar Ulliel adulte, qu'en fait l'acteur a depuis la griffure d'un chien à l'âge de 6 ans.

maquillage des dents du comte    le faux ventre de Jacelyn Quivrin

 

Deux vrais morts

    Jacques Foussat, régisseur sur le film, mourra pendant le montage du long-métrage. Gilles Budin, un des décorateurs, disparaîtra aussi pendant l'aventure. Laurent Boutonnat décidera de leur dédier le film, et inscrira leur noms à la toute fin du générique.

Scène du sauvetage de la Galiote

 

M. Boutonnat un peu dans son film

    Comme dans Giorgino, où il était dit dans une scène que Sébastien Degrâce était né le 14 juin, dans Jacquou le Croquant c'est l'attaque du château de l'Herm qui a lieu le 14 juin (1830, c'est dit au procès). Rappelons que Laurent Boutonnat est né le 14 juin 1961...

Tournage près de la maison de Jacquou

Presse parue lors du tournage 

 

La plupart des scènes ont été tournées en Roumanie

    Les lieux emblématiques de Jacquou le Croquant comme la forêt Barade, le château de l'Herm ou le village de Fanlac ne seront pas les stars de ce long métrage. Ils ont parfois été oubliés, d'autres fois reconstitués en Roumanie où s'est déroulé l'essentiel du tournage. Le Périgord noir a tout de même servi de cadre à plusieurs scènes que l'équipe a immortalisées sur la pellicule durant quatre semaines, ce qui est peu pour une production de cette importance.

La vengeance face au château, probablement la scène la plus lyrique du film    Moins cher qu'en France. Cette délocalisation s'explique d'abord pour des raisons de coût, pratiquement 30 % de moins qu'en France. En Roumanie, l'un des pays de l'Est les moins chers, s'est ainsi créée une véritable industrie du cinéma. Bas salaires et qualité du travail séduisent les producteurs et les réalisateurs. Mais aussi la beauté et la variété des paysages. De vastes étendues vierges de toute modernité, de belles et grandes forêts, d'anciennes ruines industrielles et une palette architecturale qui va du gothique à l'Art nouveau. Les autorisations pour filmer y sont d'ailleurs beaucoup plus simples à obtenir.

    Baltes et Tchèques. Un des deux groupes roumains de production, Castel Film Studio, a également fait construire en Roumanie l'un des plus grands studios d'Europe. Il a déjà à son actif des films comme Amen de Costa-Gavras, Cold Mountain avec Nicole Kidman ou Joyeux Noël de Christian Carion. Francis Ford Coppola y a aussi tourné un film personnel qui sortira bientôt. Dans la foulée de la Roumanie, d'autres pays de l'Est ont flairé le bon filon. C'est le cas de la Lituanie, où Nadine Trintignant s'était installée pour tourner Colette. Mais aussi de la République tchèque, où Oliver Twist, de Roman Polanski, et Alien versus Predator ont vu le jour.

Br. B; Sud-Ouest, 9 janvier 2007.

 

France 3 Aquitaine : "Jacquou le Croquant 2005 : Fidélité ou trahison ?"

 
    Le retour de Jacquou le Croquant ne se résumera pas à une reprise des épisodes diffusés en 1968. Le monde du cinéma bruisse d'un projet de film autour de la vie de Jacquou le Croquant. Cette saga, monument historique de la télévision française, avait été diffusée en 1968. Le succès de l'histoire de cet enfant, issu des jacqueries, victime d'injustices constantes, la misère constante de cet enfant, accompagné de sa mère, a ému toute la France.

    Le prochain film n'aura pas le privilège d'être tourné dans le Périgord, comme la série originelle. essentiel des plateaux extérieurs seront tournés en Roumanie. Pourtant à Fanlac, tout le monde se souvient des moments du tournage. Le village en profita pleinement, encore aujourd'hui, les traces des monuments sont encore là, plus solide que la maison de Jacquou dans la forêt. Elle est devenue une ruine. La diffusion du film est attendue, certains auront l'œil critique, ils ont conservé un souvenir impérissable de l'époque. Il faudra au metteur en scène de la version 2005 autant de génie pour transcrire l'émotion de la version originale.

Bertrand Lerossignol - France 3 Aquitaine
le 13 janvier à 16:22

 

 

Le Parisien

    Trente-cinq ans après la série télévisée, le jeune paysan révolté devient héros de cinéma. Le tournage commencera au printemps sous la direction de Laurent Boutonnat avec Gaspard Ulliel dans le rôle de Jacquou. Préparez vos mouchoirs...   

        

    On connaissait Jacquou le Croquant à la télévision dans une série en noir et blanc... très noire. On le découvrira bientôt en couleurs et sur grand écran. En effet, le réalisateur Laurent Boutonnat commencera au mois d'avril le tournage d'un film à gros budget - 20 millions d'euros -, adapté du célèbre roman d'Eugène Le Roy (publié en 1899). C'est Gaspard Ulliel, 20 ans, qui incarnera le jeune paysan. Rappel de l'histoire : au début du XIX e siècle, descendant de croquants - ces paysans révoltés de 1630 -, Jacquou est né pour ne connaître que misère et brimades. Pour commencer, il perd son père, mort aux galères, alors qu'il n'a pas 9 ans. Le brave Martissou y payait le crime d'avoir tué le régisseur du riche propriétaire terrien local, le comte de Nansac, fourbe personnage qui en voulait à la vertu de sa femme et avait froidement abattu son chien. Très affectée par ce malheur, la mère du gamin décède à son tour, jetant son orphelin de fils sur les routes boueuses du Périgord noir. 

« Moderniser et dépoussiérer le roman d'Eugène Le Roy »

    Recueilli par un abbé, Jacquou se met au travail, grandit, tombe amoureux... et commet l'erreur de braconner. Pris sur le fait, il est jeté dans les oubliettes du château. Restée sans nouvelles, sa dulcinée le croit mort et, ivre de chagrin, se suicide... Plus le sort s'acharne sur le brave garçon, plus il nourrit l'espoir de tenir la promesse qu'il a faite à sa mère mourante : se venger. La rage au ventre, il finit par soulever les paysans locaux contre le château du comte de Nansac (qui sera incarné par Jocelyn Quivrin) : la révolution de 1830 est en marche. A peine sorti de la boue et des tranchées de la Première Guerre mondiale, Gaspard Ulliel, l'amoureux d'Audrey Tautou dans Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, va donc plonger dans une tout autre époque. 

« C'est en voyant Gaspard dans un autre film, les Egarés d'André Téchiné, que j'ai songé à lui pour jouer Jacquou, explique Laurent Boutonnat. En ce moment, il se laisse pousser les cheveux et se prépare physiquement pour le personnage. »

 

L. Boutonnat sur le tournage    Le réalisateur a eu l'idée d'adapter Jacquou le Croquant au cinéma après avoir revu la série télévisée en DVD. Le metteur en scène de Giorgino, qui, en 1994, avait marqué les débuts d'actrice de Mylène Farmer, évoqua alors l'idée avec Richard Pezet, un producteur de chez Pathé. Séduit par le projet, il donna immédiatement son feu vert. 

« Pour nous, le défi est avant tout de moderniser et de dépoussiérer le roman d'Eugène Le Roy, dit encore Boutonnat. Nous gardons la trame de l'histoire, l'affrontement de Jacquou et du comte de Nansac, mais nous voulons montrer la nature, cette forêt, qui est aussi au centre de cette oeuvre. »

 

    Afin que la beauté des paysages soit bien restituée à l'écran, le metteur en scène a choisi de tourner en extérieurs pendant quatre mois. Il installera bientôt ses caméras pour presque quatre mois en Roumanie, dans la région des Carpates, avant de revenir en France, en Dordogne et dans plusieurs grandes forêts et châteaux d'Ile-de-France. Quant au public et à Eric Damain, qui s'est fait très discret depuis plusieurs années, ils devront attendre 2006 pour voir le film dans les salles.

Alain Grasset avec Aude Dassonville
Le Parisien, paru le lundi 10 janvier 2005

Photos du tournage : source TF1/StudioMag

 

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