Greta

Grandeur et décadence de l'actrice Greta GARBO

Greta Garbo dans "Le Roman de Marguerite Gauthier"    On aurait peu de mal à imaginer cette chanson comme une commande de Mylène FARMER pour Laurent BOUTONNAT. La chanteuse ayant "La Divine" comme actrice favorite. Le texte parle un petit peu de la carrière de Greta GARBO, mais seulement par des mots isolés et des références plus ou moins floues sur sa carrière.  Ainsi, on retrouve les rôles de femme enfant de GARBO, comme dans La Reine Christine (Ruben MAMOULIAN - 1933) où d'ailleurs elle incorporait une dimension très androgyne. C'est aussi en référence à ce film que Laurent BOUTONNAT emploie dans son texte le mot reine, La Reine Christine ayant été la reine de Suède. Dans le refrain, "Greta rit" fait référence au slogan du film Ninotchka (Ernst LUBITSCH - 1939) qui était exactement celui-ci. Toujours dans le refrain, on peut aisément trouver par deux fois une référence au film Le Baiser. "la mort lui ressemble" rappelle en ce sens la scène du procès où la silhouette de Greta GARBO se découpait en forte contre-plongée sur l'arrière du tribunal. On notera le même habit de deuil noir que celui que portait Mylène lors de l'enterrement de la mère de Catherine. Les "baisers froids comme elle" rappellent le même film de par son titre.

    C'est au deuxième couplet que le texte se concentre sur la retraite de Greta GARBO, à 36 ans. Sont évoquées la fuite (difficile), la nuit (persuasive), et la perte de la vie (artistique). Suite à l'échec de son dernier film (qui n'était pas de mauvaise qualité mais dans lequel GARBO n'aurait jamais du se mettre) en 1941, elle s'éloignera des studios (d'abord en prétextant l'attente de la fin de la guerre). Ce retrait provisoire sera définitif. Elle restera 50 ans loin des studios après 30 films, vieillissant en silence et en préservant pour toujours sa jeunesse gravée pour l'éternité sur les pellicules. après la sortie de La femme aux deux visages, en 1941, et jusqu'à aujourd'hui, elle n'a jamais remontré officiellement son visage. Seuls les paparazzis ont réussis à le capturer quelques fois.

Greta Garbo dans "La Légende de Gostä Berling" de M. Stiller    C'est justement de ce dernier film (La femme aux deux visages) que Laurent BOUTONNAT a extrait certaines répliques de Greta GARBO pour sa chanson. Ces extraits sont souvent passés dans le désordre par rapport à ceux du film, seulement par un soucis mélodieux ou par réel soucis de sens ?... Les interruption à l'intérieur d'une même phrase (les silences...) et les respirations sont respectées. L'actrice est souvent, dans le texte, considérée comme morte : "tu n'es plus", "de la vie est orpheline", "Greta meurt". Or, lors de la sortie du titre dans l'album, Greta GARBO est encore vivante, elle ne mourra d'ailleurs que quatre ans plus tard, un lundi d'avril 1990, à 85 ans. Il s'agit donc bien de la mort artistique de la comédienne dont Laurent BOUTONNAT parle ici. 

    L'histoire de ce film, une monitrice de ski s'inventant une sœur jumelle, se prête assez au personnage de Mylène FARMER qui évoque très souvent la dualité des personnages, sans parler du thème du double plus qu'évoqué dans les clips de California, L'Âme-stram-gram, et Je Te Rends Ton Amour. On notera que l'ordre des phrases samplées de Greta GARBO dans le texte, usent de l'alternance presque parfaite entre les deux personnalités de l'héroïne, via le double qu'elle s'est inventée. L'ordre obéit aussi parfois aux questions-réponses entre les deux personnages du film qu'interprète GARBO : Karin & Katherine BORG. Voici le phrases choisies par Laurent BOUTONNAT telles qu'elles apparaissent dans le film :

- "The moment I saw you I knew I want to give them to" (dès que je t'ai vu j'ai voulu te les donner) : Karin parlant des leçons de ski qu'elle à donné à Larry, dont elle est ensuite tombée amoureuse.

- "Oh, I  just said Hello" (Oh, j'ai juste dit Bonsoir) : Karin à Larry occupé qui ne l'écoute pas.

- "I love you, oh I love so" (Je t'aime, oh je t'aime tant) : Karin à Larry juste avant son départ à New-York.

- "I am at loss right now, I don't know what to do" (Je suis embarrassée maintenant, je ne sais que faire) : Karin à Grisela, sa rivale féminine.

- "Ah ah... How should I see myself ? (elle boit une gorgée) I see my future, I'm a flower of evil, a few more burning flames like years (and then the end) (Comment devrais-je me voir ? Je vois mon avenir, je suis une fleur du mal, encore quelques années de ravages, et... c'est fini) : Le rejet de Katherine pour Larry, qui veut l'aimer malgré ce qu'elle est.

- "Allo ?..." Katherine, le visage d'une tristesse inouïe, qui répond au téléphone (cf. Mylène Is Calling 6 ans plus tard, comme pour la phrase qui suit).

- "Oh no no, not now, oh yes I'm quite alone, who would be with me ?" (Oh non, pas maintenant. -Oui je suis toute seule -Qui serait avec moi ?) : Katherine toujours au téléphone, avec un ex, alors que Larry est dans la pièce.

- "Oh no! You don't want a woman like me. No, no, not like me." (Vous ne  voulez pas d'une femme comme moi. Non, non, pas comme moi) : Katherine à Larry, consternée qu'il puisse s'énamourer d'une femme si mondaine et si insensible qu'elle.

- "Leave me. Go away, leave me !" (Laisse moi. Va-t'en, laisse moi) : Rejet total dans la même scène.

- "I am not respectable, don't talk to me like that" (Je ne suis pas respectable, ne me parle pas comme ça) : Karin à Larry, car elle constate qu'il n'aimait guerre les femmes respectables quand elle joue le rôle de Catherine.

    Les thèmes évoqués ne sont pas anodins et laissent entrevoir quelques inspirations de la construction de l'univers de Laurent BOUTONNAT. On peut donc deviner en partie la source de l'atmosphère de Cendres de Lune. Le film La femme aux deux visages et les extraits choisis par Laurent BOUTONNAT évoquent le paradoxe, le masque, le rejet, et avant tout la solitude... 

 

Ah ah... How should I see myself ? I see my future, I'm a flower of evil, a few more burning flames like years...

Divine
Exquise et chagrine
De la vie, est orpheline

Enfantine
Reine et ruine
maudit soient ceux qui t'on prise

Greta rit, et moi je rougis
Greta tremble, la mort lui ressemble
Greta meurt, j'entends dieu qui pleure
Greta aime, divine infidèle
Baisers froids comme elle
Je l'aime

I love you, oh I love so

Divine
Fuir n'est pas facile
Quand la nuit vous a conquise

Tout est vide
Tu n'es plus
C'est ma vie, tu l'as perdue

Allo ?...

Greta rit, et moi je rougis
Greta tremble, la mort lui ressemble
Greta meurt, j'entends dieu qui pleure
Greta aime, divine infidèle
Baisers froids comme elle
Je l'aime

The moment I saw you I knew I want to give them to

I am at loss right now, I don't know what to do

Greta rit, et moi je rougis
Greta tremble, la mort lui ressemble
Greta meurt, j'entends dieu qui pleure
Greta aime, divine infidèle
Baisers froids comme elle
 Oh, Je l'aime ...

I am not respectable, don't talk to me like that

Oh no! You don't want a woman like me. No, no, not like me

Leave me. Go away, leave me !

Oh, I  just said Hello

Allo ...

Oh no no, not now, oh yes I'm quite alone, who would be with me ?

L. Boutonnat

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